Annales des Mines (1908, série 10, volume 13)
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IV. TUYAUTAGES.
Le plus grave de tous les accidents qui l'ont l'objet de cette étude est celui survenu le 1" mars 1900, sur un paquebot de la Manche. Le navire allait sortir du port lorsqu'une rupture se produisit à l'une des conduites collectrices de vapeur. Tout l'ensemble des chaufferies fut envahi. Six chauffeurs furent tués sur le coup, trois autres sont morts ultérieurement des suites de leurs brûlures ; un dixième, grièvement brûlé, a survécu.
FIG. 31.
— Plan de la chaufferie.
Ce paquebot possède huit chaudières Belleville timbrées à 20kg, réparties en deux groupes de quatre {fig. 31). Les chaudières n° 1 et n° 2 ont leurs foyers tournés vers l'avant du navire et sont desservies par la partie du compartiment dite chaufferie avant ; les chaudières n° 3 et n° 4 regardent les n os 5 et 6, et la chaufferie milieu correspond au service de ces quatre chaudières ; enfin la chaufferie arrière est affectée au service des chaudières
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n 0B 7 et 8, dont les foyers sont tournés vers l'arrière. Mais le tout ne forme qu'un seullocal; les chaufferies ne sont séparées les unes des autres que par les massifs des chaudières et communiquent entre elles. Deux collecteurs de vapeur, dans lesquels le fluide circule à la pleine pression des générateurs, sont disposés au-dessus de ceux-ci, parallèlement à l'axe du navire, l'un à bâbord, l'autre à tribord. A l'époque de l'accident, ces collecteurs, de 120 mm de diamètre, étaient en cuivre électroly tique. Ils étaient rectilignes dans la plus grande partie de leur longueur ; mais chacun d'eux présentait, dans la partie traversant la chaufferie centrale, un tronçon infléchi formant courbe de dilatation. C'est le tronçon infléchi du collecteur de bâbord [fig. 32 et 33) qui s'est ouvert, sur 55 cm de longueur, avec bâillement de 24 cm. L'ouverture s'est faite vers le milieu du tronçon, dans la région du sommet de la courbe, suivant la génératrice située dans le plan de l'axe et du côté de la concavité du tuyau. Le navire avait été construit en 1899. Les deux tuyaux nécessaires à la confection des courbes de dilatation avaient été commandés comme « tuyaux de cuivre rouge étirés sans soudure pour conduites principales de vapeur », de 4,5 mm d'épaisseur, avec des conditions de réception qui prévoyaient un rabattement de collerette, un essai de cintrage, le redressement d'une bande et son envirolage à l'envers, enfin l'épreuve hydraulique de chacun des deux tuyaux sous la pression hydraulique de 41 kg par cm 2 . D'après les déclarations du constructeur, ces divers essais furent effectués ; la pression, lors de l'épreuve hydraulique des tuyaux, fut même portée à 45 kg. A la suite du cintrage, une nouvelle épreuve hydraulique eut lieu à 38 kg. Enfin, après le montage à bord, la tuyauterie du navire fut éprouvée hydrauliquement en présence de la Commission de surveillance, à la pression de 24 kg.