Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1908, série 10, volume 13)

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préciser ici — ce point domine toute la question — l'importance réelle du marché intérieur du lampant dans l'industrie pétrolifère roumaine. Sur les 298.762 tonnes de lampant produites en 1907,. 38.467 tonnes, soit 13 p-. 100 seulement, ont été consommées dans le pays; le reste, soit 87 p. 100, a été livré à. l'exportation. Si nous envisageons la valeur des produits,, nous constatons que les ventes intérieures de lampant représentaient, en 1908, 4.200.000 francs, soit 10 p. 100 seulement de la valeur totale des exportations et des livraisons intérieures (43 millions) ; elles représentaient de même, en 1907, une valeur de 3.300.000 francs, sur un. chiffre total de 54 millions, soit à peine 6 p. 100(*). Il est difficile de soutenir, en partant de ces chiffres, que la lutte engagée sur le marché intérieur du lampant soit, sans aucun doute possible, le premier acte de la destruction ou de l'accaparement général. On pourrait répondre que, si le marché intérieur est encore d'importance restreinte, il est susceptible de se développer. Si l'État ne prenait dès aujourd'hui des mesures énergiques, la Société américaine, maîtresse absolue de ce marché, réussirait à priver ses concurrents, d'un débouché d'autant plus intéressant que les prix intérieurs sont en général supérieurs aux cours d'exportation. Nous n'avons pas la prétention d'approfondir les desseins, réels ou supposés., de la Standard : si elle se fixait pour but — et l'objet paraît bien un peu restreint pour son ambition — l'accaparement du marché intérieur de Roumanie, elle aurait vite fait d'abattre l'obstacle que: les pouvoirs publics viennent de lui opposer. La fixation (*) Nous avons admis, pour prix moyen du lampant, en 1907, le chiffre de 8 fr. 50, qui se ressent déjà des effets de la crise; si nous admettions, comme pour 1906, le prix de 12 francs, nous arriverions, pour la valeur des livraisons intérieures de lampant, à 4.500.000 francs,, soit 8 p. 100 de la valeur totale produite.

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des contingents ayant pour base la capacité de production des raffineries, il lui suffirait de développer sa fabrique de Ploesti, en cherchant à l'extérieur des débouchés nouveaux. L'exécution de ce programme serait un jeu pour elle; le théâtre de la lutte se trouverait simplement reporté au dehors; nous ne voyons pas bien comment le Gouvernement roumain pourrait lui résister sur ce nouveau terrain. Les craintes de ruine ou d'accaparement paraissent donc, sinon sans aucun fondement, du moins considérablement exagérées ; le remède, dans tous les cas, semble d'une efficacité un peu douteuse. L'effet le plus net de la réglementation nouvelle est, en somme, le supplément de charges imposé au consommateur et la restriction de la liberté du marché intérieur. Le système de vente de la Société américaine devait avoir comme conséquence le développement progressif de la consommation ; il réalisait un objet qui répondait ainsi à la fois à l'une des préoccupations constantes du Gouvernement roumain et — nous avons insisté sur ce point dans notre précédente note — devait avoir les effets les plus heureux sur la prospérité de l'industrie pétrolifère. Il n'est que trop facile de prévoir quelles seront, à ce point de vue, les conséquences du nouveau régime : les raffineurs vont se désintéresser bientôt du marché intérieur; les efforts qu'ils pourraient entreprendre, en vue de son développement, profiteraient à leurs concurrents beaucoup plus qu'à eux-mêmes. On peut dès lors se demander si la réglementation nouvelle, défavorable aux consommateurs, répond beaucoup mieux aux intérêts bien compris des industriels eux-mêmes. La nouvelle loi soulève, on le voit, en dehors même de la question de principe, des problèmes d'ordre très divers ; nous nous sommes borné à les poser; on ne peut que laisser à l'avenir le soin de les résoudre.