Annales des Mines (1908, série 10, volume 13)
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LA LUTTE CONTRE LES FEUX SOUTERRAINS
d'évacuer les lieux. Il conviendra cependant d'effectuer, à des intervalles suffisamment rapprochés, des lectures grisouniétriques dans le chantier des feux ; on aura soin de les contrôler par des prises de gaz et des analyses au laboratoire (*). Il importe notamment de vérifier la composition de la nappe de fumées, qui séjourne toujours à l'état plus ou moins stagnant, en couronne du chantier ou au sommet des cloches. La présence de ces cloches, ou des vides non remblayés, au voisinage du centre d'échauffement, peut augmenter notablement la gravité du danger. Supposons, par exemple {fig. 6), un feu survenant clans le pilier A, au voisinage de la cloche B non remblayée ; les produits
Air frais FIG.
6.
de la distillation s'accumuleront dans la cloche et, malgré les remous inévitables qui peuvent s'y produire, s'y rassembleront par ordre de densité. Les hydrocarbures les plus légers gagneront le sommet de la cloche ; les produits les plus lourds (acide carbonique et vapeur d'eau) demeureront à la partie inférieure, isolant ainsi les produits combustibles de la zone dangereuse A. Mais un éboulement peut survenir dans la cloche et en chasser les gaz qui y sont contenus ; les hydrocarbures viendront se mêler à l'air frais passant dans la galerie et donneront lieu à une explosion au contact du feu. Un éboulement peut se produire sur le retour des fumées et obstruer complètement le courant d'air. Tout se (*) La présence de vapeur d'eau et d'acide carbonique peut fausser les lectures à la lampe Chesneau.
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passe comme si l'on fermait prématurément un barrage de sortie, manœuvre dangereuse, susceptible de provoquer une explosion. Onpeut de même supposer le cas d'un pilier échauffé sur une grande étendue ou la présence de deux feux peu éloignés l'un de l'autre; les gaz de distillation dégagés en un point peuvent aller s'enflammer en un point voisin. En somme, et sans vouloir exagérer la gravité du risque, une explosion demeure toujours possible, même dans les quartiers non grisouteux, au cours des travaux d'attaque directe. Cette considération s'ajoute aux précédentes pour prouver la nécessité d'un aôrage suffisant pour diluer les fumées. Si, malgré toutes les dispositions prises pour améliorer l'aérage, on observait en certains points des teneurs de plusieurs millièmes, si l'on redoutait, en particulier, l'existence de vides plus ou moins étendus au voisinage du feu, il importerait de faire évacuer tout l'ensemble du quartier, susceptible d'être intéressé par une explosion ; on conserverait simplement au fond le personnel strictement nécessaire à l'attaque du feu. Si les teneurs augmentaient encore d'une manière dangereuse et qu'il fût impossible de les réduire en forçant le volume d'air, il semblerait convenable de décider l'abandon de la lutte et la fermeture du feu. b) Cas des mines grisonteuses. — Le risque provenant des hydrocarbures du feu s'aggrave ici de la présence du grisou normalement dégagé par la houille. Le feu nous met dans la situation particulièrement délicate n une mine grisouteuse où l'on s'éclairerait avec des lampes à feu nu; .nous sommes à la merci d'un dégagement inopiné de grisou, d'un refoulement de gaz des vieux travaux pouvant venir s'allumer sur le feu. La présence des cloches ou des vides inaccessibles, inquiétante dans tous les cas, le devient ici d'une façon toute particulière, en raison du grisou qui peut s'y accumuler. Les produits