Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1908, série 10, volume 14)

68

NOTICE HISTORIQUE

Les exploitants essayèrent d'abord de recourir au premier système. Le fonçage du puits de l'Orme fut, dans ce sens, une tentative aussi coûteuse que peu réussie. Ils entreprirent, un peu plus tard, des recherches de surface à des distances de 300 toises, 500 toises et 900 toises au Sud du puits de l'Orme, sans aboutir à aucun résultat. Il fallait donc revenir à l'approfondissement des travaux; mais le problème, cette fois, ne pouvait plus être résolu par l'emploi exclusif des moteurs hydrauliques. Les ressources disponibles dans la région située au Sud de Rennes pour l'alimentation de pareils moteurs étaient épuisées. Le seul parti à prendre était d'installer une machine à vapeur ; il fut adopté en principe au cours de l'année 1794. La machine à vapeur à installer devait être assez puissante non seulement pour assurer l'épuisement des travaux à entreprendre, mais encore pour venir éventuellement au secours des machines hydrauliques existantes. Il convenait de l'installer dans un puits d'une solidité irréprochable, foncé dans la région où l'approfondissement des travaux allait se développer. Le puits des Députés se trouvaitdéjà au Nord des travaux de 14° niveau et les fronts de taille devaient s'en éloigner rapidement vers le Sud, d'après ce qu'on savait de l'allure de la colonne minéralisée. La position de ce puits n'était donc pas très satisfaisante au point de vue de l'installation du futur siège principal d'épuisement; à plus forte raison, les puits situés plus au Nord étaient-ils hors de question. Le puits de l'Orme se trouvait bien au Sud du puits des Députés, mais sa solidité laissait tellement à désirer qu'on avait dû le remblayer et qu'il n'était guère possible de songer à le rouvrir. Les exploitants se trouvèrent amenés par les considérations ci-dessus à commencer, au cours de 1794, le fonçage d'un puits situé à 132 toises (257 mètres) au Sud

SUR L'EXPLOITATION DES MINES DE PONTPÉAN

69

du puits des Députés ; on l'ouvrit un peu à l'Ouest de cet affleurement du filon, de manière à éviter absolument la traversée du terrain tertiaire. Une expérience séculaire a montré que le choix de l'emplacement était fort judicieux. Le nouveau puits reçut le nom de puits de la République ou puits Républicain ; son fonçage fut poussé activement jusqu'à la fin de 1796, époque à laquelle il avait atteint une profondeur de 170 pieds (55 m ,20), peut-être même de 216 pieds (70 mètres), d'après des indications divergentes fournies par Blavon-Duchesne. Il fut arrêté par suite de l'aggravation rapide des difficultés politiques et financières. La première réorganisation de l'épuisement de la mine s'était trouvée coïncider avec le début de la période révolutionnaire. Les agitations de cette phase paraissent avoir eu peu de répercussion en Bretagne et n'avoir pas exercé d'influence sensible sur la marche de l'exploitation. Mais peu à peu les difficultés s'accentuèrent. Un des membres de la société, M. de la Marnière de Guer, avait émigré; la part de 4 sols qu'il avait dans l'affaire se trouvait par suite soumise à la confiscation . D'autre part, le Gouvernement réquisitionnait le plomb produit et le payait en assignats dont la valeur diminuait constamment. L'exécution du nouveau programme d'épuisement devenait de plus en plus difficile, faute de ressources financières; la guerre avec l'Angleterre vint la rendre impossible en empêchant de faire venir de ce pays la machine à vapeur qui était la base du nouveau programme et qu'on ne pouvait songer à se procurer sur le continent. L'exploitation aurait peut-être continué à végéter un certain temps encore, si le développement de la Chouannerie en Bretagne n'était venu lui porter le dernier coup ; il n'y avait plus aucune sécurité ni pour les personnes, ni pour les propriétés, dans les campagnes des environs de Rennes; la mine de Pontpéan fut obligée de se faire garder par des troupes.