Annales des Mines (1908, série 10, volume 14)
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LES GABLES SODS-MARINS
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FABRICATION DE LEUR ARMATURE ET POSE
LES
CABLES SOUS-MARINS FABRICATION DE LEUR ARMATURE ET POSE Par M. A. LfiAUTÉ, ingénieur au Corps des Mines.
On a longtemps méconnu en France l'importance nationale des câbles sous-marins ; il y a trente ans, l'idée d'établir entre nos colonies et la métropole un réseau télégraphique français n'avait guère pénétré chez nous. Pendant presque tout le xix e siècle, la France restant indifférente, c'est en Amériqué et surtout en Angleterre que l'industrie des câbles sous-marins prend naissance et se développe. Tout d'abord, dans la première moitié du siècle, quelques tentatives sont faites par des précurseurs que l'on considère comme fous. Les essais plus précis datent seulement de 1850; ils on.t lieu dans le Pas-de-Calais et la Manche, puis dans la Méditerranée. Que l'on s'imagine combien, malgré la faible distance des points à relier, malgré le peu de profondeur des mers à traverser, il y avait de difficultés à vaincre ! Les imperfections des méthodes de pose apparaissent les premières : les câbles cassent, et l'on ne sait pas les relever. Cependant Crampton, Newal et les frères Brett,qui dirigent les premières campagnes, ne se laissent pas décourager ; ils inventent le tambour de pose, ils perfectionnent les armatures ; après sept ans de lutte, quelques câbles sont posés entre l'Angleterre, la France et l'Irlande, et dans la Méditerranée.
Mais, de toutes parts, les défauts de fabrication se révèlent, et presque aucun de ces câbles, dont la pose avait coûté tant d'efforts, ne dure plus de deux ans! Bien plus, quelques esprits audacieux ayant mis sur pied le gigantesque projet de relier l'Amérique à l'Europe, on fabrique un câble transatlantique et on le pose; mais, au bout de trois mois, il cesse de fonctionner. Cette dernière catastrophe décourage les- plus entreprenants, et déjà beaucoup désespèrent à jamais de l'avenir des câbles sous-marins. Le gouvernement anglais comprit qu'il fallait porter un peu d ! ordre et de clarté dans cette confusion extrême. Une Commission, où siégeaient Wheatstone, Varley et Latimer Clark, entreprit, en 1860, une vaste enquête; les règles de fabrication et de pose qu'elle consigna dans son rapport sont pour la plupart encore appliquées aujourd'hui. Fort de cette étude, l'Américain Field reprend l'idée de relier l'ancien et le nouveau continent ; pour trouver l'argent qui lui manque, il fait soixante-quatre fois la traversée. Mais, autant que l'énergie de Field, il faut admirer la hardiesse des capitalistes qui fournirent l'argent nécessaire à son entreprise, et à qui quinze ans de désastres n'avaient enlevé ni la confiance, ni la perspicacité. Le Great-Eastern part enfin, emportant 4.000 kilomètres de câble ; l'électricien du bord était William Thomson. Le câble casse ; le repêcher paraissait alors impossible par 3.600 mètres de profondeur ; l'ingénieur en chef Canning ordonne pourtant de draguer. Mais tous les filins de drague se rompent, et, n'ayant plus de grappins, on doit rentrer en Angleterre. L'année suivante, Canning repart ; il pose sans encombre un nouveau câble fabriqué en hâte pour remplacer le premier ; puis il tente à nouveau de repêcher celui-ci. De nouveau, il casse bien - Tome XIV, 1908.
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