Annales des Mines (1908, série 10, volume 14)
Page : Image 94
Révision de 8 févr. 2015 22:02:58, edited by Anonymes
184
LES
CABLES
SOUS-MARINS
ferrées et du terre-plein des quais. Ce tunnel va déboucher à 17 mètres du parement du quai. On établit pour l'embarquement, à égale distance du tunnel et du navire, une potence en bois de 8 mètres de haut ; c'est par cette potence que le câble, après avoir cheminé sur des galets dans le tunnel, passe à bord. On lance du bord un halin que l'on fait passer sur les galets de la potence, puis sur les galets du tunnel, et que l'on amène jusqu'à l'usine. On détache du laboratoire l'extrémité du câble à embarquer et on l'obture; l'autre extrémité reste reliée aux appareils d'observation. Dans le tunnel, à l'intrados, sont disposées trois lignes de galets. Le câble est tiré par le halin, il traverse le tunnel sur une des lignes de galets, franchit la potence et gagne le bord où il est lové dans une cuve. Il est question de substituer à la potence volante une chape en béton armé de 9 mètres de haut. Si ce projet est mis à exécution, il aura l'avantage de permettre à toute époque d'effectuer un embarquement. L'installation actuelle ne le permet pas, et il est arrivé que des navires venus pour charger du câble en vue de réparations urgentes ont dû renoncer à le prendre à Calais et se sont adressés à l'Angleterre pour ne pas attendre; le débouché du tunnel sur le quai était à ce moment recouvert d'une véritable montagne de ces bois de mine que débarquent à Calais, presque toute l'année, les vapeurs affrétés de Norvège. MACHINES
ACCESSOIRES.
Les deux principales sortes de machines accessoires sont : 1° Les tournettes servant à dévider les bottes de fil, à les goudronner, puis à les enrouler sur les bobines des câbleuses ;
FABRICATION
DE LEUR ARMATURE
ET POSE
185
2° Les métiers servant à dévider les écheveaux de jute et à les mettre sur les bobines des couvreuses et des câbleuses. Tournettes à fils de fer. — Sur un axe planté dans le sol, bien vertical, on enfile un premier plateau portant sur sa face supérieure des arceaux rayonnants. Sur ce premier plateau, on couche une couronne de fil de fer que les arceaux maintiennent centrée. On enfile ensuite, sur l'axe vertical, un second plateau pareil au premier, 'mais portant les arceaux sur la face inférieure. Les arceaux du second plateau viennent s'entrecroiser avec ceux du premier et achèvent de fixer en place la couronne. L'ensemble tourne facilement autour de l'axe. On attache l'extrémité du fil à une bobine que l'on fait tourner et sur laquelle le fil s'enroule. Les compagnies de câbles ont aujourd'hui tendance à goudronner le fil de fer des deep-sea lourds. On prétend qu'un bon goudronnage protège le galvani des fils dans les fonds à réactions chimiques. Le goudronnage est chose courante en Angleterre, où on le pratique en plongeant les couronnes de fil de fer dans des bains chauds de goudron de gaz. L'opération nécessite des fours compliqués et une manutention assez coûteuse. J'ai vu adopter en France une solution bien meilleure. Une bâche, plate et longue, est traversée par le fil dans son trajet entre les plateaux et le banc de la tournette. On emplit la bâche de goudron de gaz, mélangé d'un peu de poix d'Arkangel ou d'un peu de gutta de qualité très inférieure. Le fil de fer s'enfonce dans le goudron, passe sous la gorge d'une poulie barboteuse, puis sort de la bâche en traversant un grain dont le diamètre est à peine supérieur à celui du fil. De la sorte, l'excès de goudron est refoulé et retombe dans la bâche. Mais l'adhérence du goudron n'est pas encore suffisante.