Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1908, série 10, volume 14)

460

LES GISEMENTS DE MINERAI DE FER

s'écouleraient), l'emploi unique des minerais de la Laponie dans des hauts fourneaux n'irait pas sans difficultés. La réduction du minerai et principalement de celui de Kirunavara est très difficile ; les morceaux arrivent souvent au niveau des tuyères sans avoir presque subi d'altération. Ce défaut tient à leur trop grande compacité; on cite bien en Suède des fourneaux marchant uniquement en minerais lapons ; c'est le cas de ceux de Caris vik près de Luleâ ,qui consomment du Gellivare déphosphoré; mais le minerai consommé est en briquettes poreuses, ce qui facilite singulièrement la réduction et permet d'obtenir 45 tonnes par vingt-quatre heures avec le charbon de bois comme combustible. Le problème de l'emploi unique des minerais bruts reste en sommé entier; leur réduction est plus difficile, les fourneaux produisent donc relativement moins. Il faut aussi remarquer que les minerais très riches de Laponie présentent une autre difficulté de traitement, résidant dans la faible quantité de laitier auquel ils conduisent, malgré les additions ,de calcaire ou de matières siliceuses qui seraient nécessaires, suivant les catégories, pour obtenir une fonte déterminée. On est alors conduit, à Carlsvik, à repasser avec la charge une certaine quantité de laitier d'une opération précédente . pour avoir le volant de chaleur nécessaire. 'On arrive en somme ainsi à abaisser la teneur du lit de fusion, puisqu'on ajoute des matériaux non ferrugineux; mieux vaut alors, à la place de ces matières, ajouter au minerai lapon des minerais calcaires, neutres ou siliceux, suivant les catégories moins ou plus phosphoreuses. Minerais riches, à production limitée, mais à prix Se revient favorable aux lieux de consommation, tels sont les minerais lapons; mais ce sont aussi des minerais qu'il y a intérêt à mélanger, pour la bonne marche des hauts

DE LA LAPONIE SUEDOISE

464

fourneaux, à d'autres minerais; les minerais calcaires ou neutres de la région de Briey, les minerais siliceux des autres régions de notre Lorraine, de Normandie, etc., doivent trouver dans ces lits de fusion complexes une place importante, du moins pour les régions où les minerais français peuvent arriver dans de bonnes conditions.

NOTE ADDITIONNELLE.

Les épreuves de cet article étaient corrigées quand un fait assez intéressant à signaler s'est produit. Le Gouvernement suédois avait chargé en 1908 une commission d'étudier les conditions dans lesquelles pourrait être mis en valeur le gisement de Luossavara, à lui cédé par le contrat de 1907 et dont le minerai doit être actuellement uniquement réservé à la consommation nationale. Or cette commission vient (fin 1908) d'émettre un avis qui n'est pas sans avoir surpris les cercles intéressés suédois, qui avaient tant lutté pour restreindre l'exportation: elle est en effet arrivée à déclarer qu'à cause de la situation géographique, à cause des besoins spéciaux de l'industrie suédoise, à cause enfin du mélange trop intime des minerais non phosphoreux et des minerais phosphoreux qui rendrait le triage trop coûteux, le gite de. de Luossavara n'est pas intéressant pour la Suède, et que sa seule valeur est pour l'exportation. Il ne paraît donc pas que Luossavara doive être exploité ; on peut seulement se demander si les conclusions pessimistes de ce rapport ne vont pas engager, plus que que jamais, l'Etat suédois dans son mouvement vers la prohibition de l'exportation des minerais non phosphoreux.