Annales des Mines (1909, série 10, volume 15)
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LA MÉTALLURGIE
DU PLOMB
AU
LAURIUM
On peut se faire une idée de l'importance de la minéralisation de la région en songeant que le Laurium a été exploité uniquement pour plomb et argent dans l'antiquité pendant une période évaluée à plusieurs siècles et en calculant que les deux Sociétés actuelles, Compagnie française et Société hellénique des usinés?, produisent ensemble, depuis trente ans, un tonnage de plomb d'œuvre annuel et moyen d'environ 15.000 à 20.000 tonnes. La teneur moyenne des minerais fondus oscille entre 10 et 12 p. 100 de Pb. La fusion au Laurium est donc essentiellement un traitement de minerais à faibles teneurs en plomb et argent. Le fait important à noter, au point de vue métallurgique, est que ces minerais sont en général assez réfractaires à la fusion. Leurs teneurs en CaCO 3 , ZnO, A1 2 0 3 , sont élevées ; très souvent il y a égalité entre le zinc et le plomb. De plus, la faible teneur en plomb ne tolère pas l'adjonction de fondants non plombifères. Pour cette raison, d'ordre économique, aucun fondant n'est introduit dans le lit de fusion. Ce dernier doit être calculé en n'utilisant que des minerais plombifères. On arrive ainsi à avoir une scorie assez difficilement fusible aux températures habituelles des fours à plomb ordinaires. Comme cela a toujours lieu dans toutes les exploitations minières, les générations passées ont exploité tous les minerais ne présentant pas de difficultés de traitement exceptionnelles, en laissant soigneusement de côté les minerais réfractaires à teneurs relativement faibles en plomb et à teneurs élevées en ZnO, A1 2 0 3 et CaCO 3 . Les minerais fusibles et relativement purs d'autrefois devenant de plus en plus l'exception, la Compagnie française a donc été amenée, par la force des choses, à adopter un nouvel outillage de fusion devant permettre le traitement de ces minerais plus ou moins réfractaires que les fours actuels ne parvenaient à fondre qu'avec de
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grandes pertes en métaux et dans des conditions économiques de moins en moins rémunératrices. C'est pour atteindre à ce résultat que nous avons songé à créer une fusion moderne en adoptant le principe des grands fours américains. Cette fusion, appliquée aux minerais du Laurium a donné de brillants résultats. Nous avons pensé que sa description pourrait offrir quelque intérêt pour les techniciens métallurgistes, d'autant plus qu'il s'agit d'un appareil équipé suivant les méthodes américaines et à très grande capacité de production, comme il n'en existe probablement pas de similaire en Europe, appliqué à la fusion des minerais pauvres en plomb. Anciens fours. — Nous décrirons, en quelques mots, le type de four à plomb utilisé précédemment par la Compagnie française. 1 La fig. 1 donne, à l'échelle de — » le plan de ce four importé au Laurium, il y a environ quarante ans, par les Espagnols, qui installèrent au début le traitement des minerais de plomb; ce four n'a pas subi depuis lors de modifications fondamentales. Seul le niveau du chargement a été un peu surélevé, de même que le type actuel de tuyère à circulation d'eau a remplacé les tuyères du début. On remarquera que la construction en est des plus simples. Le soufflage est effectué par quatre tuyères, dont le plan fig. 1 montre la disposition. Le four travaille à une pression de 0 m ,25 à 0 m ,30 d'eau. La cuve est en pierre schisteuse de la région; le creuset est brasqué. Le plomb est évacué, suivant le cas, deux ou trois fois par vingtquatre heures, en ouvrant, à l'aide d'un burin d'acier, le . trou de coulée latéral. La scorie coule périodiquement dans des petits pots coniques qu'un ouvrier transporte à