Annales des Mines (1909, série 10, volume 15)
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Pour une raison ou une autre, les cours d'eau se sont trouvés alors en présence des chapeaux de filons et des affleurements aurifères de tous genres, à la suite d'une altération sur place qui y avait longuement préparé et isolé l'or, comme cela se fait toujours dans les chapeaux de filons. Par conséquent, ils ont eu nécessairement des quantités toutes particulières d'or à déplacer. J'ajoute., et cette remarque me parait de première importance, que l'or des alluvions a généralement subi un transport très faible ; le phénomène qui l'a accumulé est presque celui qu'on a appelé éluvial, ou sur place, par opposition au phénomène alluvial. Or l'or des alluvions provient des roches du fond. Il est donc tout naturel que cet or se soit concentré dans les dépôts quand ces couches du fond étaient accessibles à la force abrasive, quand elles étaient à nu, tandis que, postérieurement, quand le lit de la vallée a été encombré des premiers matériaux détritiques, les cours d'eau, circulant sur ceux-ci, n'ont plus pu que leur emprunter des matériaux de seconde main, et nécessairement en quantités beaucoup plus faibles. On raisonne trop comme si chaque couche d'alluvions, superposée à la précédente, avait puisé également ses matériaux dans une même réserve contenant autant d'or disponible et à égale distance du point où le placer s'est enrichi. Si l'on retrouve quelquefois une couche aurifère supérieure dans l'alluvion, c'est sans doute parce qu'à ce moment un changement dans le régime hydrographique a permis à des zones aurifères primitives non utilisées précédemment de fournir leur contribution. Dans un autre ordre d'idées, j'ajouterai encore deux mots sur la question si souvent discutée de la concentration ultérieure de l'or par dissolution chimique. Ce phénomène me parait jouer un rôle incontestable, et je me contente de rappeler les principaux arguments en sa faveur : présence fréquente dans les alluvions de pépites aurifères
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beaucoup plus volumineuses 'que les cristaux ordinaires des filons ; apparence de ces pépites qui ne sont pas d'ordinaire émoussées comme après un long transport, mais présentent, ou des formes cristallines, ou des dispositions concrétionnées, mamelonnées, avec des sortes de tubercules, d'excroissances, et ne retiennent pas de quartz, comme c'est le cas ordinaire des fragments d'or filoniens ; degré de finesse plus grand de l'alliage aurifère dans les pépites que dans les filons. Il faut ajouter que la circulation actuelle ou très récente de solutions aurifères capables de cristalliser dans les terrains a été directement prouvée. On a vu de la pyrite de fer aurifère se déposer ainsi sur des morceaux de bois, de tourbe, monter même dans les tiges d'arbres plantés sur un champ d'or (Guyane anglaise). Enfin l'or existe en proportions très notables dans l'eau de mer, et l'on pratique aujourd'hui couramment d'une façon industrielle la dissolution de l'or dans des liqueurs très étendues de cyanures ou de chlorures, etc. L'un de ces arguments, le plus contestable peut-être faute d'observations encore assez nombreuses et assez précises, mais d'autre part celui qui serait le plus convaincant si la démonstration irréfutable en était faite, à savoir la finesse plus grande de l'alliage des pépites dans les alluvions, avait déjà été constaté par Poszepny dans l'Oural (90 p. 100 dans les alluvions, 86 p. 100 dans les filons). Nous aurons à mentionner, dans le champ de lOlekma, une différence encore bien plus forte (*). On peut, à l'occasion de ces placers sibériens, comme de tous les autres, insister sur le rôle important des altérations superficielles précédant la destruction et la préparation mécanique. Il est certain que, pendant les longues périodes de temps où les parties supérieures des (*) Voir p. 327.