Annales des Mines (1909, série 10, volume 15)
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LA MÉTALLOGÉNIE DE L'ASIE RUSSE
LA MÉTALLOGÉNIE DE L'ASIE RUSSE
rations en peroxyde de fer (martite) et en sels oxydés de cuivre]. — Les gisements, pour la plupart classiques, dont il va s'agir ici, sont, du Nord au Sud : Bogoslovsk, Troïtsk, Katchkanar, le mont Blagodat (Gora Blagodat) (*), Nijni Taguilsk et le mont Vissokaya, Goumechevsk, Soimonovsk et le mont Magnitnaya. Il en existe beaucoup d'autres, connus ou à découvrir. Géologiquement, ces gîtes de fer ont donné lieu à d'innombrables théories : ce qui suffirait à montrer la difficulté des problèmes qui se posent à leur propos. Peutêtre cependant ces divergences tiennent-elles pour beaucoup à ce qu'on a étudié d'ordinaire le problème dans chaque cas particulier, en employant, suivant la méthode allemande, comme instrument principal, l'analyse • chimique, au lieu de s'attacher aux conditions géologiqueset tectoniques que va, je crois, mettre en évidence une étude d'ensemble, appuyée sur la comparaison avec d'autres parties de l'écorce terrestre. Parmi ces théories que je me contente de rappeler en deux mo.ts, il en est qui me paraissent bien difficiles ou même impossibles à soutenir : celle d'abord d'Helmersen(1836) voyant, dans les amas de magnétite, un épanchcment volcanique ayant coulé comme un torrent de fonte, ou, à l'opposé, la théorie de Bischof (1864), reprise dernièrement, avec une variante, par M. Morozevicz, dans laquelle le fer serait le résultat d'une altération, soit de l'augite, soit du grenat (qui accompagne presque toujours le minerai par un métamorphisme en relation manifeste avec sa venue). C'est, je crois, par une tendance contre laquelle je me suis depuis longtemps élevé, confondre le phénomène primaire de cristallisation avec l'altération secondaire qui n'a fait que transformer ou déplacer légèrement les métaux, depuis longtemps apportés de la pro-
fondeur. 11 n'est, à mon avis, que deux théories vraiment soutenables, toutes deux invoquant l'action des roches cristallines, avec lesquelles le minerai paraît en relation : l'une (Zémiatchensky, 1900), supposant que le minerai de fer préexistait dans des sédiments, seulement recristallisés par l'action du magma igné ; l'autre admettant que le fer procède, d'une manière quelconque, de ce magma (Tchernychev, Beck, Vogt, Fedorov, etc.). Les exemples de sédiments ainsi recristallisés suivant la première de ces deux hypothèses existent ailleurs dans des terrains, ou cristallophylliens , ou primaires, avec une quasi-certitude, et il est, en effet, tout naturel qu'il s'en soit produit, étant donnée l'abondance des dépôts ferrugineux dans les terrains qui ont pu se trouver soumis au métamorphisme. Mais toutes les descriptions de gîtes ouraliens accusent un rapport intime du fer avec les roches syénitiques, tandis que les sédiments non enclavés dans ces roches ne contiennent pas de minerais pareils, et souvent même les sédiments font tout à fait défaut auprès de la magnétite, ou se bornent à des calcaires (transformés ou non en grenatites), dont les conditions de dépôt (récifs coralliens, etc.) n'impliquent pas la possibilité d'une sédimentation ferrugineuse. Il est donc extrêmement probable que le fer a été apporté par la roche ignée, qu'il dérive d'elle.
(*) Je n'ai pas besoin de rappeler que gora veut dire montagne.
Dans ces conditions, j'écarterai encore l'idée d'une différenciation proprement dite : les gisements ouraliens n'accusant en aucune façon ces passages progressifs qui caractérisent les ségrégations du type Taberg en Scandinavie, ne se trouvant pas du tout dans les mêmes roches et enfin montrant constamment, dans les enclaves sédimentaires pincées par la svénite, une disposition interstratifiée, qui (l'idée de sédiments recristallisés ayant été écartée), doit impliquer des filons-couches. Je crois l'idée de la différenciation particulièrement discutable