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fortune si rapide et si étonnante à tous égards. M. D. Levât, dans ce recueil (*),en a décrit la situation, il y a quinze ans, à une de ces étapes auxquelles je faisais allusion, au moment où s'ouvraient presque simultanément l'exploitation du nord de l'Afrique et celle du Tennessee. Il m'a paru intéressant de faire connaître la situation actuelle. C'est un simple exposé des faits généraux que j'entends donner à un point de vue statistique et économique. Je voudrais passer en revue la production du phosphate dans les divers pays, en cherchant notamment, autant que faire se peut, les ressources que l'on peut escompter pour l'avenir. J'examinerai ensuite la répartition et la consommation des produits extraits, par pays consommateur, en m'arrêtant plus spécialement à la France. Cet exposé me permettra de présenter avec plus de sûreté quelques observations sur un mouvement suscité par des représentants de l'agriculture française en vue de lui réserver nos phosphates au moyen d'un droit de sortie qui serait plus ou moins prohibitif. On ne peut s'occuper des phosphates naturels au point de vue ou je me place sans tenir compte, comme M.D. Levât l'avait d'ailleurs fait, des scories de déphosphoration qui, dans beaucoup de cas, sont préférées aux superphosphates, et dont le développement est, comme on le verra, comparable, en rapidité et en intensité, à celui des phosphates naturels. C'est des phosphates seulement dont j'entends m'occuper ; la question des phosphates que je veux examiner, laissant, en principe, de côté ce que l'on appelle, du moins en France, la question des superphosphates. Si des représentants de l'agriculture française ont soulevé la première question, d'autres ont créé la seconde. On a relevé contre les superphosphatiers français, notamment (*) Annales des mines, janvier et février 1895.

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contre le cartel qu'ils auraient constitué, des griefs spéciaux. Je ne m'occuperai pas de ces particularités, ne retenant éventuellement les superphosphates que dans ce qui est strictement indispensable pour comprendre la question des phosphates. Aussi bien, les superphosphatiers français savent répondre en ce qui les concerne, comme l'a montré l'un des plus distingués d'entre eux dans la séance de la Chambre des députés du 6 novembre 1908, où l'on a discuté ces questions. Pourl'exposé que j'entreprends, j'ai dû recourirà beaucoup de publications et surtout à beaucoup de statistiques, les unes officielles et les autres privées (*). Je suis habitué par profession aux divergences des statistiques, même officielles. Je dois dire que je connais peu de substances minérales dont les statistiques présentent plus de différences que celles des phosphates naturels. En réalité, on n'a pas de chiffres complets pour l'ensemble de la production mondiale, avant 1898, autre étape importante et sensationnelle dans l'histoire des phosphates, à savoir le début de l'exploitation tunisienne. Mais même depuis cette date, les chiffres publiés ou admis dans le monde des phosphatiers présentent entre eux des différences considérables, dont on s'explique les causes sans qu'on puisse arriver à une concordance suffisante. Les statistiques officielles (**) donnent, comme c'est l'usage dans de pareils relevés, les chiffres de l'extraction et non ceux des livraisons à la consommation, en considérant d'ailleurs comme consommés les phosphates livrés aux fabriques de (*) Je dois des remerciements spéciaux à l'obligeance infinie qu'ont mise à me documenter de leur mieux M. Max. Pellé, directeur général de la Compagnie de Gafsa, et M. Charles Michel, directeur de l'Omnium (mines d'Algérie et de Tunisie). (**' L'extraction dés phosphates naturels est relevée, du moins depuis 1898, dans les statistiques officielles de la France (colonies et protectorats compris), de la Belgique et des États-Unis, en considérant comme statistique officielle celle du Geological Survey.