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LES CATASTROPHES MINIÈRES AMÉRICAINES

avec robinets inférieurs servant à l'arrosage des voies. On pratique l'opération, non pas chaque nuit, mais de temps en temps : deux fois par semaine, disent les témoins de l'enquête. De temps en temps également et lorsqu'on juge que l'opération peut être profitable, les poussières et les fragments de charbon gisant sur les voies de roulage sont recueillis, chargés en cars et conduits au jour. Pendant les deux semaines qui précédèrent l'accident, une équipe avait été précisément occupée à charger les poussières des voies de roulage de la mine n° 6, en partant de la base du plan incliné et en continuant progressivement l'opération jusqu'aux extrémités des voies secondaires. Autant que nous en avons pu juger et en raison des faibles quantités de poussières qui suffisent pour assurer la propagation d'une inflammation, nous pensons que ni ces enlèvements nécessairement imparfaits, ni ces arrosages un peu sommaires et trop peu fréquents ne pouvaient agir utilement pour empêcher une explosion initiale de s'étendre à toutes les parties de la mine. Seules les parties naturellement humides avaient des chances d'échapper à la propagation. A ce sujet, les quantités d'eau refoulées par les pompes électriques paraissent indiquer que la mine est plutôt humide ; l'entretien d'eau est en effet d'environ 4.500 mètres cubes par vingt-quatre heures pour l'ensemble des deux mines, soit un peu plus de 2 mètres cubes par tonne extraite. Mais, en fait, peu de quartiers ou de voies sont humides ; nous les signalerons en étudiant les détails delà catastrophe. Les eaux sont conduites aux pompes par des rigoles le long des voies, et comme le mur n'est pas argileux, les galeries n'en, restent pas moins sèches. Explosifs. — On emploie exclusivement la poudre noire, apportée au chantier par l'ouvrier dans des bidons de

DE MONONGAH, DARR ET NAOMI

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métal ; l'encartouchage est fait au chantier. On se sert, pour le bourrage, de poussières de charbon. On pratique uniquement l'abatage aux explosifs, après havage soit à la machine électrique à dents, dans le traçage des chambres et voies, soit au pic dans la reprise des piliers. Il est interdit de miner un massif non havé ; mais les mineurs ont une certaine tendance à violer cette prescription. Récit de la catastrophe. — La catastrophe de Monongah h est survenue le vendredi 6 décembre 1907, vers 10 20 du matin, à une heure où tout le personnel était dans la mine. Une circonstance très particulière coïncida vers l'orifice de la mine 6 avec le moment de l'explosion. En ce point la couche, légèrement en contre-bas par rapport au fond de la vallée de la Monongah ela, est atteinte par un plan incliné d'une pente de 8° à 9° et d'une longueur de 270 mètres; ce plan se termine au jour sur un pont qui franchit la rivière et relie la mine aux bâtiments de triage , et de chargement situés sur l'autre rive. Un treuil fait monter les trains de cars pleins jusqu'au sommet du plan incliné ; les cars vides redescendent au frein sur la voie unique. Un instant avant l'accident, un train de 1 8 cars pleins stationnait sur le pont au sommet de la pente ; le machiniste du treuil allait les tirer jusqu'aux bâtiments de chargement, quand l'attache du câble se rompit ; le train de cars, que ne retenait aucune fourche arrière, redescendit les 270 mètres de plan incliné avec une vitesse considérable et vint s'écraser à la base du plan en un amas compact qui boucha presque complètement la galerie, tandis que les 36 tonnes de charbon contenues dans les cars étaient en grande partie projetées, par l'effet de la vitesse acquise, vers l'intérieur de la mine. Des hommes qui se trouvaient vers l'orifice de la galerie avaient vu passer le train en dérive ; vers le mo-