Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1909, série 10, volume 16)

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LES CATASTROPHES MINIÈRES AMERICAINES

Poussières. — La mine est poussiéreuse, beaucoup moins que la mine Monongah, autant que nous en avons pu juger dans des visites postérieures à l'accident ; cependant la quantité de poussières répandues dans la plupart des voies est certainement plus que suffisante pour propager une explosion. Quelques parties de la mine sont humides et l'on épuise jusqu'à 1.300 mètres cubes d'eau par vingt-quatre heures; soit près de 1 mètre cube par tonne extraite ; mais la plus grande partie de cette eau vient des vieux travaux. La secondaire 25 forme le fond d'un synclinal très légèrement incliné, où convergent les eaux des travaux actifs; mais l'eau étant généralement canalisée sur le côté des voies, la secondaire 25 nous a paru à peu près aussi sèche que les autres. Nous n'avons rencontré de région franchement humide que vers les avancements de la voie principale et aux avancements Nord de la secondaire 27. On pratique l'arrosage dans les roulages principaux et secondaires suivant le système habituel, en faisant circuler le long des voies des cars pleins d'eau et percés d'un trou dans le fond. D'après les indications qui nous ont été données, on versait ainsi 12 mètres cubes d'eau par jour. L'arrosage se faisait tantôt dans une voie, tantôt dans une autre, de façon à repasser en moyenne une fois par semaine en chaque point. Il est inutile d'ajouter que l'assèchement des voies devait se faire bien avant l'expiration de ce délai. Explosifs. — Toute liberté est laissée aux ouvriers pour le choix de leurs explosifs. Ils emploient habituellement, suivant la nature du travail, la dureté du charbon ou leur souci plus ou moins grand de la sécurité, de la poudre noire, delà dynamite ou des explosifs de sûreté dénommés nialite et masurite. Ils bourrent avec de la poussière de charbon.

DE MONONGAH, DARR ET NAOMI

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Récit de la catastrophe. — L'explosion de la mine de Darr eut lieu le 19 décembre 1907, à 11" 20 du matin. Il y avait au fond 240 hommes (*). On entendit de la surface un grondement sourd presque immédiatement suivi du bruit d'une violente explosion. Une épaisse fumée fit irruption à l'orifice du plan incliné de roulage et se répandit à travers la vallée de la Youghiogheny. La chasse d'air, beaucoup moins violente qu'à Monongah 8, renversa cependant les quelques hommes qui se trouvaient au voisinage de l'orifice de la mine et fit trembler les bâtiments voisins. Un ingénieur de la Compagnie, qui se trouvait à l'intérieur d'une mine voisine, perçut le bruit sourd de l'explosion, sortit et pénétra dans la mine Darr, avec une équipe de sauveteurs. Ils s'avancèrent dans la voie principale, trouvèrent cinq cadavres, mais furent très vite arrêtés par les mauvais gaz. Tous les barrages étant détruits, la mine était en effet entièrement envahie par les fumées de l'explosion. Ce n'est qu'en rétablissant progressivement ces barrages que l'on put, six jours après l'accident, atteindre le fond de la voie principale et la première exploration de la mine ne fut terminée que le 27 décembre, huit jours après l'explosion. A cette date, on avait retiré 220 cadavres; 15 autres furent ultérieurement retrouvés sous les éboulements. Quatre mois après l'accident, il y avait encore 4 manquants. Sur les 240 ouvriers qui se trouvaient au fond, 239 ont péri ; le seul rescapé fut un ouvrier chargé du fonctionnement des pompes, qui se trouvait, au moment de l'explosion, dans l'ancienne secondaire 21 ; il fut renversé par les chasses d'air, mais la flamme ne s'étendit pas à cette voie, et il put sortir au jour, à l'extrémité de cette secondaire, sans avoir été atteint par les gaz asphyxiants.

(*) Une quarantaine de mineurs de religion orthodoxe avaient chômé à l'occasion de la fête de saint Nicolas.