Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1909, série 10, volume 16)

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LES QUESTIONS OUVRIÈRES

mains de grandes sociétés, moins accessibles que les petits porteurs à la panique en cas de crise (*), et exercent ainsi sur le marché de l'argent une action régularisatcice qui interdit à l'économie politique de faire abstraction de l'assurance. L'intervention de l'assurance sociale (**) a encore accentué la pénétration mutuelle de ces trois domaines. L'actuaire a donc un rôle à jouer sur le terrain économique et sociologique. Mais ce rôle consiste-t-il à s'imposer à l'économie politique et à la sociologie ou, au contraire, à leur prêter un concours discret ? L'actuaire a-t-il, en un mot, plus à leur apporter qu'à en recevoir? M. Maingie, sous-directeur de la compagnie belge d'Assurances générales sur la vie, s'est attaqué au problème avec une franchise toute scientifique. Pour lui, l'économie politique et la sociologie se prêtent à une prospection effectuée avec les outils et la mentalité de l'actuaire : ses outils sont les sciences mathématiques, depuis les principes de la théorie des fonctions jusqu'aux règles du calcul des probabilités ('**) ; sa mentalité « est faite de l'esprit mathématique, de la philosophie des probabilités et de la faculté d'interprétation » (****), car « l'actuaire fait autre chose que d'appliquer ou de rechercher des formules ; il les interprète pour les besoins de la pratique, pratique impérieuse d'ailleurs parles données qu'elle impose» (*****). Mais de cette excellente description du caractère de l'actuaire peut-on conclure à son intervention en économie politique et en sociologie comme adepte de l'école mathématique? Je ne le pense pas. Sans doute, M. Maingie, rappelant laloi de Weber en psycho-physique, montre avec (*) Loc. cit., p. 1439. (**) Ibid., p. 1442. (i**) Ibid., p. 1381. (****) Ibid., p. 1382. (*♦***) Ibid., p. 1382.

ET LA SCIENCE ACTUARIELLE

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raison les services que peut rendre l'observation attentive des faits par un psychologue qui étudie les relations entre l'excitation et la sensation, et il signale l'extension de cette loi aux végétaux, constatée par M. Massart, le botaniste belge (*). Mais les mathématiques ne sont pas seulement un outil : elles constituent une arme, et celui qui s'en sert peut se blesser lui-même s'il ne fait point preuve d'une exceptionnelle sagacité. Sans doute, la célèbre formule de M. Vilfredo Pareto(**) t qui établit une relation entre, les fortunes, permet de soutenir que les riches sont l'exception et que, contrairement à l'utopie socialiste, leur dépossession ne suffirait pas à alimenter les pauvres. Mais les paramètres ne varient-ils qu'avec les pays, selon l'affirmation de l'auteur delà formule? Ne varieraient-ils pas avec le régime légalde la propriété ou de la fortune, et les socialistes ne pourraient-ils pas répondre que l'application même de leurs théories aurait pour résultat d'en modifier la valeur et le signe algébrique? Ne pourraient-ils pas dire, en effet, que la formule a été établie d'après les observations du régime de la propriété individuelle et que des restrictions apportées à la liberté de posséder pourraient déterminer une orientation nouvelle de la volonté humaine? En effet, nul ne conteste que l'économie politique et la sociologie mettent en jeu des quantités susceptibles de mesure : les ressources que l'économiste puise dans la statistique le prouvent à l'évidence ; or, comme l'a signalé l'actuaire belge, M. Lembourg (***), « l'ajustement,, l'interpolation et la sommation sont le fondement de la discipline actuarielle », et « l'actuaire porte volontiers (*) Loc. cit., p. 1385. (**) Cette formule est : N = Ax ~ « dans laquelle N désigne le nombre d'individus dont le revenu est supérieur àï, A et i étant des constantes spéciales à chaque pays. (***) Loc. cit., p. 1375.