Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1909, série 10, volume 16)

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LES QUESTIONS

OUVRIÈRES

ET LA SCIENCE ACTUARIELLE

tion ; il expose également (*) la nécessité de doter l'actuaire de connaissances économiques et sociales, en vue d'une juste appréciation tant des besoins « sociaux » de l'époque actuelle que des moyens de les satisfaire sans compromettre l'avenir des organes d'assurance que l'actuaire doit défendre contre les opinions erronées du public, de la presse, des partis politiques, des groupements médicaux, des autorités de surveillance, des agents, des magistrats et des savants (** ) . C'est ainsi que l'actuaire s'élèvera à la hauteur de la tâche que M. Moldenhauer, professeur à l'école supérieure de commerce de Cologne, lui assigne par l'extension de la formule que Goethe appliquait au commerçant : « Je ne connais personne dont l'esprit doive être plus compréhensif que celui d'un commerçant royal. » Je serai plus formel encore : Sur le terrain économique et social, l'actuaire a beaucoup à enseigner et beaucoup à apprendre. Il doit, en effet, donner à l'économiste et au sociologue des leçons et des habitudes de précision qui leur font trop souvent défaut ; il doit rappeler aux organisateurs des institutions de prévoyance que l'on ne viole pas impunément les règles de la technique des assurances. Mais, en même temps, il doit acquérir au contact des réalités contingentes le sentiment des nécessités étrangères au milieu spécial des « têtes choisies » qui constitue le champ normal de ses travaux. Il sera donc à la fois maître et élève, et le perfectionnement mutuel de l'économiste, du sociologue et de l'actuaire ne portera pas moins sur le domaine moral que sur le domaine intellectuel et scientifique. Ce n'est donc pas la subordination de l'une des sciences aux deux autres, c'est une pénétration réciproque du

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milieu actuariel, du milieu économique et du milieu social qui doit établir les relations nécessaires entre la science de l'actuaire et celles de l'économiste et du sociologue. Suivant l'heureuse comparaison de M. Kcenigsberger, directeur de l'institution d'assurance-vie Giselaverein, de Vienne, ces trois sciences figurent trois circonférences qui se coupent de telle sorte que l'on ne saurait parcourir l'une d'elles sans pénétrer sur chacun des cercles que limitent les deux autres. C'est qu'en effet, selon la remarque de M. Warner (*), un effort coopératif associe les périodes prospères aux périodes critiques parles sacrifices que les premières permettent d'accomplir en vue de parer aux secondes : avec MM. Bischoff et Kcenigsberger, je crois à l'existence, dans l'exploitation de l'assurance, d'un art dont le succès dépend de l'acquisition de connaissances économiques et sociologiques. J'ajouterai que la solution mathématique n'est que la traduction d'une pensée économique et sociale, et que, dès lors, cette solution doit participer au caractère économique et social de la pensée dont elle dérive. Pour réaliser le programme de pénétration mutuelle, un enseignement commun est nécessaire qui distribue les connaissances économiques et sociales sans omettre les notions d'assurance, et qui, en formant l'actuaire, l'initie aux principes de l'économie politique et de la sociologie. Sous l'active impulsion de son secrétaire général, M. le professeur Mânes, l'Association allemande de la science des assurances rapproche dans la composition de ses membres, dans le choix de ses travaux, dans la formation de sa bibliothèque et dans l'ordonnance de ses publications, les compétences et les éléments statistiques, mathématiques, juridiques, économiques, sociologiques, historiques et médicaux. Toutefois, elle ne présente pas au

(*) Loc. cit., p. 1409 etsuiv. (**) Ibid., p. 1410.

(.*) Loc. cit., p. 144o.

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