Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1910, série 10, volume 17)

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DÉGAGEMENT

INSTANTANÉ

D' ACIDE

CARBONIQUE

partir de l'arrivée d'air. Quelques heures se passèrent encore avant que les survivants cherchassent a en profiter. Il pouvait être environ quatre heures du soir lorsque, transis de froid par suite de la détente de l'air comprimé, ils se risquèrent à aller jusqu'au treuil chercher leurs tricots qu'ils y avaient laissés. Ils tentèrent d'aller plus loin dans le travers-bancs ; mais, au bout d'une cinquantaine de mètres, ils durent reculer devant l'acide qui occupait encore tout le reste de la galerie. S'apercevant alors que les tuyaux d'aérage ne paraissaient pas tirer, ils déboitèrent l'un d'eux, afin de rendre plus efficace l'aspiration du ventilateur; l'acide contenu dans le travers-bancs afflua aussitôt vers la sortie qui lui était ainsi offerte, et les survivants n'eurent que le temps de se retirer en toute hâte; mais, grâce à cette opération, l'acide carbonique du travers-bancs et du puits principal fut, à partir de ce moment, très rapidement balajé. Pendant ce temps, au jour, les secours s'organisaient. Au moment de l'accident, le maître-mineur se trouvait sur le carreau delà mine. Il pouvait être environ neuf heures et demie du matin lorsqu'il aperçut à l'orifice du puits une sorte de buée qui s'élevait jusqu'à 1 mètre de hauteur et oscillait par moments. Inquiet de constater c© phénomène anormal, il s'assura que le ventilateur marchait à son allure habituelle, puis fit descendre des lampes au fond du puits ; ces lampes revinrent éteintes; une lampe tenue à bout de bras dans le puits s'éteignit de même; la mine était entièrement pleine d'acide carbonique. Entre temps, quelques minutes après la première apparition de la buée au sommet du puits, le maîtremineur avait constaté que le manomètre du compresseur, qui était à 6 kilogrammes au début, était tombé à l ks ,5; il en conclut que les ouvriers du fond étaient dans leur refuge et manœuvraient la vanne ; le manomètre se maintint pendant toute la journée entre 1 kilogramme et

SURVENU

AUX

MINES

DE

SINGLES

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demi et un demi-kilogramme, le compresseur marchant à son débit maximum, qui est de 10 mètres cubes aspirés à la minute. Malgré la forte dépression du ventilateur, l'acide carbonique ne baissait que lentement dans lo puits (*) ; la mine de Singles, n'occupant jamais plus d'une cinquantaine d'ouvriers au fond, ne possédait pas d'appareils respiratoires, et en attendant les appareiïs demandés aussitôt aux mines voisines de Messeix, Champagnac et Saint-Éloy, il était impossible de descendre. Ce ne fut qu'après six heures du soir que, grâce à l'ouverture de la colonne de tuyaux par les ouvriers du fond, l'acide baissa rapidement et qu'on put pénétrer dans la mine. Les survivants furent trouvés en parfait état de santé derrière la seconde porte du refuge, où, à l'abri du courant d'air, (*) 11 est facile de comprendre que l'acide carbonique ne peut que 'très lentement être évacué d'un puits de 1100 mètres, à plus forte raison de travaux de 600 mètres de profondeur. Lorsque toute la mine est remplie d'acide carbonique, le ventilateur fonctionne d'abord dans les mêmes conditions qu'en temps normal, et son débit, en supposant que 1A coljnne de tuyaux ne soit pas obstruée par les déblais, est égal au débit obtenu avec de 1 air pur multiplié par

y —-, 1,53 étant la densité

de l'acide carbonique ; mais, au fur et à mesure que l'acide descend dans la colonne du puits, la dépression du ventilateur doit faire équilibre, sur une hauteur de plus en plus grande, à la différence de densité entre le gaz contenu dans la colonne de tuyaux et l'air qui entoure cette colonne; s'il n'y avait aucune rentrée d'air par les joints des tuyaux et aucun mélange entre l'air et l'acide carbonique, une dépression de H centimètres d'eau serait rigoureusement équilibrée par une hauteur de gaz supposé pur, telle que

h. (1,53 — 1). 1,293 = 110, c'est-à-rlirc :-h = 162 mètres, et par conséquent au-dessous de 162 métrés de profondeur, il serait théoriquement impossible, au moyen de cette dépression, d'enlever l'acide carbonique du puits. En réalité les joints des tuyaux ne sont jamais absolument étanches, et l'acide n'est jamais absolument pur; mais il n'en est pas moins bien difficile d'enlever 'acide carbonique au delà dune certaine profondeur. La vanne d'air comprimé une fois ouverte au fond de la mine, il suffit au contraire de déboîter un tuyau pour balayer rapidement tout le gaz.