Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1910, série 10, volume 17)

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LES GISEMENTS AURIFÈRES

Aussi l'installation à Betsiaka d'une usine comprenant cinq batteries de cinq pilons, du type courant de la maison Fraser and Chalmer's, actionnée à la vapeur et capable, théoriquement, de broyer 100 tonnes de quartz par jour, était-elle au moins prématurée. Cette usine de- ' vait utiliser le tout-venant du gite pétrosiliceux de Ranomafana, amené sur wagonnets au moyen d'un decauville de 7 kilomètres de longueur. Or, après essais, on s'est aperçu que ce minerai ne présentait pas une teneur assez élevée pour être traité. L'erreur initiale a été de croire . que la roche bleue pétrosiliceuse était un minerai d'or, alors qu'elle n'était (et pas toujours) que la gangue de filonnets quartzeux aurifères ; là où il n'y a pas de filonnets quartzeux, il n'y a pas d'or. D'autre part, l'amalgamation simple ne suffit pas pour traiter des minerais pyriteux ; il aurait fallu lui adjoindre la cyanuration, et les frais d'installation déjà considérables (plus d'un million), en raison de la difficulté des voies d'accès, auraient encore été augmentés. L'usine de Betsiaka trouvera son emploi le jour, qu'il faut espérer prochain, où l'on aura découvert le gite (filon ou stockwerk), capable de subvenir à sa consommation. En ce moment, et en admettant, ce dont je doute fort, que la main-d'œuvre veuille se prêter à la combinaison, il n'y a aucune raison pour traiter à l'usine le minerai riche que les Malgaches extraient de leurs « trous » . Une pareille mesure aurait vraisemblablement pour effet de provoquer l'exode en masse des mineurs, au grand dommage de l'entreprise. L'indigène et, notamment, l'Antaimoro, préfère le travail à la tâche au travail à la journée, qui exige une assiduité peu en rapport avec son caractère indépendant ; vivant de peu, il préfère végéter avec l'espoir de faire une grosse découverte qui l'enrichira plutôt que de se plier à une discipline journalière. On peut cependant envisager avec confiance l'éventualité d'une exploitation industrielle, au point de vue main-

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NORD DE MADAGASCAR

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d'œuvre, quand des réserves suffisantes de minerai permettront de la réaliser. Au contact de l'Européen, l'indigène prend certaines habitudes de régularité dans le travail ; il contracte surtout des besoins qui le rivent à l'industrie seule capable de lui fournir les moyens de vivre suivant sa nouvelle nature : il se civilise ! Ce sont ces civilisés qui fourniront le personnel ouvrier aux futures exploitations industrielles. Un élément d'un très grand intérêt pour apprécier la valeur des gisements aurifères de Madagascar-Nord et d'étudier la possibilité de les exploiter industriellement, aurait été la comparaison de la quantité de terre remuée ou de minerai traité avec le poids d'or extrait. Ce travail n'a pu être fait à cause des errements suivis jusqu'à présent. Le chef de poste se borne à peser l'or qu'on lui apporte sans savoir d'où il provient exactement. D'autre part, la désagrégation des affleurements filoniens par les agents atmosphériques laisse sur le sol des fragments épars d'une richesse parfois extraordinaire (un de ces fragments, du poids de 17 kilogrammes, aurait donné 13 kilogrammes d'or) et, en admettant que le personnel européen, chargé de la surveillance, ait soigneusement évalué le volume de toutes les fouilles, la teneur moyenne aurait été faussée, par excès, à cause de ces fragments superficiels dont la récolte ne demande aucune fouille. L'observation relative aux fragments superficiels s'applique aux alluvions et aux latérites (*) ; les pluies entraînent les éléments légers tels que le mica et l'argile, tandis que les substances lourdes, comme l'or, restent en place ; ce travail de lixiviation a pour résultat un enrichissement de la surface. (*) Par lati'rites, il faut entendre le produit de la décomposition des roches schisto-cristallines, dans lesquelles se trouvent les filons de quartz aurifère. Les latérites sont, par conséquent, des roches en place ou n'ayant subi qu'un faible entraînement.