Annales des Mines (1910, série 10, volume 17)
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CATASTROPHE SURVENUE A LA MINE DE CHERRY
la veillé, descendaient munis d'appareils respiratoires jusqu'à la veine moyenne. Ils s'avancèrent de 7 ou 8 mètres vers le Sud, mais la fumée les empêcha de distinguer quoi que ce fût. Pendant ce temps on avait découvert l'orifice du puits d'aérage et fait un essai d'aérage aspirant d'abord par un jet de vapeur, ensuite au moyen du ventilateur remis en état. L'atmosphère s'éclaircit à la recette du puits principal, et on put constater l'existence de trois feux, . l'u" dans la chambre d'exhaure, le second au coin de l'écurie le troisième dans le boisage du côté Nord, à 5 mètres puits. Il était environ midi. Il fut alors décidé de commencer la lutte contre les feux en amenant une conduite d'eau à proximité et de ne rien tenter par le puits d'aérage. L'installation décidée fu faite clans la nuit. Journée du 16. — On attaqua d'abord le feu de la chambre d'exhaure; l'après-midi une compagnie de pom piers arriva avec un matériel plus perfectionné, qui per mit de verser 8 me ,5 d'eau à la minute au lieu de 300 litres. La température oscillait de 45 à 47° C. de la recette à l'orifice du puits. Journée du 17. — Le lendemain 17, on décida d pousser une reconnaissance dans le puits d'aérage, bi que les gaz y éteignissent encore une lampe de suret La température était normale. Deux volontaires arri vèrent jusqu'à la veine moyenne, et, sans descendre constatèrent une température supportable et une atmos phère assez claire. Il fut, dès lors, décidé d'installer au dessus du puits un petit chevalement et une petite cag en bois sans guidage. Journée du 18. — Ce travail demanda la nuit et 1 matinée du lendemain 18 novembre. Dans l'après-imd trois sauveteurs munis d'appareils respiratoires desé^L dirent par la cage. Les signaux étaient faits au moy d'une trompe d'automobile.
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Les trois hommes atterrirent à la veine moyenne et trouvèrent un cadavre tout près du puits ; un éboulement considérable barrait la route vers le Nord. L'expédition dura trente-cinq minutes. Le ventilateur, arrêté pendant la durée des travaux au-dessus du puits, fut remis en marche. Pendant ce temps, l'eau jetée dans le puits d'extraction l'avait refroidi et l'entrée Sud était complètement dégagée. Du côté Nord, les éboulements barraient la route. Journée du 19. — Les recherches furent activement poussées vers les galeries du Sud. Des groupes de cadavres furent trouvés derrière plusieurs des portes d'aérage et, espacés le long des galeries, au nombre de quelque 80. Un groupe de 37 cadavres fut trouvé entre les 7 e et 8 e Est et 7 e et 8 e Sud, à 1.350 mètres du puits principal par les galeries. Avec ces cadavres on trouva des adieux parfois pathétiques, que des victimes adressaient à leurs familles. L'une de ces tristes missives montrait que quelques-uns de ces malheureux vivaient encore le lundi, soit quarante-huit heures après l'accident. Journée du 20. — Etant donné la quantité de mauvais air rencontré au pied du puits et le laps de temps écoulé (sept jours), on ne croyait pas possible que quelqu'un fût encore en vie dans la mine. Or, le 20, dans l'après-midi, un' sauveteur arrivant à la seconde principale Ouest des chantiers Sud (point E du plan de la Pl. XII) entendit des appels et rencontra un groupe de 8 hommes qui lui dirent être dans. la mine depuis le début du feu et s'en être protégés en élevant des barrages dans les galeries .1 et 2 Ouest ; ils venaient de sortir de leur abri en faisant des trous dans le barrage élevé par eux et, après avoir parcouru plus d'un demi-mille en franchissant les berliaos renversées et les cadavres des mulets, ils étaient arrivés au point où le sauveteur les avait trouvés. Ils étaient relativement en bon état, mais ils rappor-