Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1910, série 10, volume 17)

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COUP DE POUSSIÈRES SURVENU A LA MINE DE DARRAN

La station de secours d'Aberaman avait reçu vers neuf heures le message d'appel. Elle est à une distance de 20 milles environ, et son directeur arriva seulement à une heure après midi, soit huit heures et demie après l'accident. A ce moment, on savait qu'outre les deux sauveteurs qui avaient trouvé la mort dans le plan, trois hommes venus de Gilfach avaient été aussi empoisonnés par l'oxyde de carbone. Il apparut comme peu probable que, avec ou sans appareils respiratoires, on pût encore sauver quelqu'un ; on jugea inutile, dans ces conditions, de risquer des vies humaines, et on décida de ne plus rien tenter jusqu'à ce que le croisement d'aérage fût complètement rétabli ; le travail fut exécuté très rapidement et tous les cadavres furent retrouvés dans la nuit. Tentatives de sauvetage faites du puits Gilfach. — Pendant que les événements exposés ci-dessus se déroulaient, plusieurs tentatives de sauvetage étaient faites à partir du puits Gilfach. A quatre heures trois quarts, le directeur de Gilfach et Darran, accompagné de quatre hommes, descend par le puits de Gilfach et se dirige vers Darran. Lui-même et deux de ses hommes devaient périr au cours de cette expédition. Après avoir marché très rapidement, ils arrivent sans difficultés au niveau Week où ils commencent à sentir une odeur de poudre, en même temps qu'ils éprouvent une sensation de fatigue générale ; 10 mètres plus loin, l'un d'eux tombe ; les autres l'emmènent au plus vite en arrière ; mais deux d'entre eux s'affaissent à leur tour. " Les deux autres appellent au secours et sont trouvés, presque inanimés par le deuxième groupe de sauveteurs. Ce groupe ramena les corps en arrière ; un troisième groupe ne put dépasser le niveau Week. Enfin un dernier

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groupe, conduit par un ingénieur, partit de Gilfach vers huit heures. L'ingénieur commença par faire évacuer tous les chantiers de Gilfach, puis fit ouvrir toutes les portes de communication entre Gilfach et Darran, de façon à envoyer l'air de Gilfach à l'autre puits. A huit heures trois quarts, ils ferment le retour d'air et, dès lors, s'avancent avec le vent derrière eux. Ils arrivent au niveau Week où l'ingénieur pénétra seul. Puis, continuant de remonter le plan, les hommes parviennent au niveau Boots. L'atmosphère est chargée d'une odeur de bois brûlé; 10 mètres plus loin, un homme qui, précisément, venait de déclarer qu'il ne se sentait nullement incommodé, tombe sans connaissance. L'ingénieur lui-même se sent incapable d'aller plus loin. Jl n'y avait plus qu'à se retirer. Conclusions sur les opérations de sauvetage. — En somme, toutes ces expéditions hâtives, sans appareils respiratoires, n'avaient abouti qu'à la mort de cinq sauveteurs, tandis que vingt-deux personnes seulement étaient mortes des suites immédiates de l'explosion. C'est un exemple frappant du danger qu'il y a de s'avancer sans précautions dans une atmosphère contaminée par une explosion. Non seulement cette façon de procéder ne sauve généralement personne, mais elle risque de déranger la suite des opérations rationnellement conduites. Il est nécessaire de se rappeler que l'oxyde de carbone, toujours produit par les feux ou les explosions, n'agit pas sur les lampes ; le meilleur moyen de le déceler est d'emmener avec soi un petit animal, oiseau, souris, dont la résistance vitale est plus faible que celle de l'homme et qui perd connaissance avant que la teneur en oxyde de carboné soit mortelle. De telles précautions semblent malheureusement négligeables dans l'affolement causé par une catastrophe, et disparaissent devant la pensée de courir au plus vite sauver les survivants.