Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1910, série 10, volume 18)

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LE NOUVEAU REGIME

stipule qu'aucune nouvelle mine de soufre ne pourra être ouverte que sous les conditions que fixera éventuellement une autorisation du ministre de l'Agriculture, du Commerce et de l'Industrie, et lorsque l'intéressé aura établi avoir les moyens financiers pour installer et conduire rationnellement son exploitation. Le gouvernement et le Parlement, tant dans l'exposé des motifs et le rapport de la commission de la Chambre des députés, que dans la discussion, ont hautement déclaré qu'il ne fallait pas voir là un texte par lequel l'administration, en le sollicitant quelque peu, trouverait le moyen de réduire la production en empêchant la création de nouvelles mines. Cette disposition a un tout autre objet : elle doit remédier à l'un des nombreux abus de l'exploitation des soufres siciliens. L'honorable M. Aprile, le rapporteur de la loi à la Chambre des députés, a signalé avec véhémence « l'ambiance de criminalité et d'amoralité » — ce sont ses propres expressions ■— qui a caractérisé jusqu'ici cette industrie et son milieu ; il a stigmatisé notamment le scandale du carusato, c'est-à-dire du portage des produits à dos, et surtout à dos d'enfants, et l'exploitation éhontée du travail des mineurs dont on a dit que la journée moyenne ne ressortait qu'à 2 fr. 12. Avec l'article 7 on n'entend ne plus laisser ouvrir dans l'avenir que des mines rationnellement installées, et conduites d'après les principes techniques avec des machines modernes ; pour le passé, on escompte la disparition plus ou moins complète des exploitations mal outillées par l'effet des mesures financières que j'ai mentionnées ci-dessus. Est-ce à dire que le problème des soufres siciliens, si complexe, si délicat, ait trouvé sa solution sûre et définitive? Ce serait peut-être se payer d'illusions. Je concède qu'au point de vue financier la loi de 1910 permet d'admettre que le Syndicat pourra disparaître en 1918 en ayant

DU SYNDICAT OBLIGATOIRE DES SOUFRES DE SICILE

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fait honneur à ses affaires, son passif éteint, les banques qui le commanditent et l'Etat, qui a fourni des avances et sa garantie, remboursés et dégagés. Mais pense-t-onqu'à cette date le stock formidable de 650.000 tonnes aura disparu? Il faudrait que l'extraction actuelle de 400.000 tonnes baissât singulièrement ou que l'on trouvât pour le soufre sicilien quelques sources d'augmentation de débit. L'une et l'autre hypothèse paraissent, aujourd'hui du moins, assez peu vraisemblables. Sans doute, sous l'empire des dispositions de la loi de 1910, assez rudes pour la production, l'extraction va baisser : un nouveau régime d'équilibre s'établira comme il s'en est créé un pour les trois années antérieures. Le chiffre descendra-t-il sensiblement audessous du débit actuel? C'est l'inconnu du problème. Est-ce du reste tant à désirer pour la Sicile ? Est-il souhaitable de voir augmenter sa dépopulation et diminuer son industrie principale ? L'augmentation du débit ne peut résulter de l'accroissement des consommations actuelles ; elles sont relativement limitées parleur nature. Il faudrait trouver de nouvelles sources de consommations ; on s'y ingénie depuis longtemps et l'on n'aperçoit toujours rien. Si donc, comme tout porte à le croire, il reste en 1918 un stock encore important, égal et peut-être même supérieur à celui d'aujourd'hui, qu'en fera-t-on? Pour amorti qu'il doive être financièrement, il n'en subsistera pas moins matériellement. Le jettera-t-on à la mer? Le laissera-t-on abandonné à l'air, exposé à tous les vols, enfermé dans des magasins encombrants qu'il faudra chèrement entretenir? Pense-t-on pouvoir le placer pour quelque nouvel usage, grâce à un abaissement notable du prix de vente? On a encore huit ans pour trouver une solution. A chaque jour, dira-t-on, suffit sa peine. D'aucuns, en Italie, estiment opportune l'existence d'un stock important à la disposition de l'Etat. On peut ainsi éventuellement peser sur le marché et discuter avantageusement avec les producteurs d'Amérique.