Annales des Mines (1911, série 10, volume 19)
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NOTE SUR LES INSTALLATIONS DE BAINS-DOUCHES
« Art. 35. — Les concessionnaires doivent établir des bains-douches mis à la disposition des ouvriers. « Un arrêté royal déterminera les conditions dans lesquelles des bains-douches doivent être établis à chaque siège d'exploitation des mines de houille en activité et fixera les délais accordés pour leur mise en service. » Mais, si les exploitants de mines ne peuvent actuellement être contraints d'assurer à leurs ouvriers les moyens de réaliser leur propreté corporelle, un nombre croissant d'entre eux comprennent qu'ils ont à cet égard un véritable devoir à remplir. L'exemple a été donné par les mines de la province de Liège, grâce aux conseils, aux publications et à l'insistance de M. l'inspecteur général Libert ; il commence à être suivi dans le bassin de Charleroi et gagnera sans doute bientôt le Borinage (bassin de Mons). Je ne puis mieux faire connaître la situation actuelle que par divers emprunts à l'intéressante notice explicative de l'exposition collective des charbonnages à l'Exposition universelle de Bruxelles 1910. On compte en Belgique, pour une production annuelle de 23à2i millions de tonnes de houille, 278 sièges d'extraction, avec une production moyenne de 85.000 tonnes seulement par siège. Les 278 sièges en activité comportent 622 puits, dont un grand nombre sont très anciens : 7 de ces puits dans le Couchant-de-Mons, 15 à Charleroi, soit ensemble 22, dépassent 1.000 mètres de profondeur. La profondeur moyenne générale n'est pas inférieure à 530 mètres ; il résulte de cette circonstance et de l'allure des couches, généralement peu puissantes, grisouteuses et poussiéreuses, que, malgré l'activité de la ventilation, beaucoup d'ouvriers travaillent au fond dans des conditions hygiéniques difficiles. Le rendement annuel moyen de l'ouvrier du fond, pour
POUR LES OUVRIERS MINEURS EN BELGIQUE
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300 journées de travail, n'est que de 237 tonnes. La population ouvrière totale peut être évaluée à 145.000 personnes, se décomposant comme suit : Ouvriers à veiue Autres ouvriers du fond, Ouvriers de la surface .
25.000 80.000
total.
105.000 i.fi nnn
Sur les 278 sièges d'extraction en activité, 42, occupant ensemble 21.560 ouvriers au fond, soit un peu plus •de 20 p. 100 de la population totale des charbonnages, étaient, au 1 er avril 1910, pourvus de bains-douches de construction moderne. Les exploitants belges, ou du moins un certain nombre d'entre eux, considèrent, en effet, qu'il est du plus haut intérêt, au point de vue de l'hygiène générale, que l'ouvrier mineur, en remontant des travaux souterrains, sali par la poussière charbonneuse, les habits mouillés par le séjour dans un milieu plus ou moins humide, puisse se laver complètement et endosser des vêtements secs pour le retour au logis familial, quelquefois assez éloigné, afin d'éviter de contracter ainsi des maladies dangereuses. La question présente un haut intérêt au point de vue de la moralité et de la dignité humaine. Quand l'ouvrier mineur retourne chez lui sans être lavé, il ne jouit pas de la même considération que les autres ouvriers ; il paraît, aux yeux du public, appartenir à une classe inférieure de la société. Habitant souvent une maison comprenant un petit nombre de pièces, il est obligé de se déshabiller et de faire sa toilette devant ses jeunes enfants ; la préparation de ce qui lui est nécessaire occupe la ménagère déjà chargée de nombreux travaux. Loin de favoriser l'intempérance, comme on l'avait annoncé, l'établissement de lavoirs aux sièges d'exploitation éloigne les ouvriers des cantines; la douche, en même temps qu'elle les nettoie, les rafraîchit et lés repose.