Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1911, série 10, volume 20)

80

NOTE SUR LES CHEMINS DE FER CHINOIS NOTE SUR LES CHEMINS DE FER CHINOIS

bout do cette période, la Chine aurait le droit de racheter la ligne à un prix qui serait fixé en temps opportun par des experts pris parmi les ingénieurs étrangers résidant en -Chine. Il était en outre stipulé que le concessionnaire procéderait à la reconstruction de la ligne après l'évacuation du territoire par les troupes. L'Antung-Mukden a été rattaché, en décembre 1906, à la « South Mandchouria Railways Company » , qui projeta dès lors la reconstruction complète de la voie. Mais ce ne fut pas chose facile, car malgré la convention du. 22 décembre 1905, la Chine s'opposa à l'exécution des travaux; des pourparlers furent engagés et les choses se seraient vraisemblablement passées à l'amiable si les négociations avaient toujours été dirigées par le vice-roi Hsu-Shih-Chang ; mais son changement et l'arrivée de son successeur Hsi-Liang faillirent amener un conflit entre les deux puissances. Le Japon prit une attitude énergique en rompant les négociations et en commençant la reconstruction de sa ligne. Que va faire la Chine? Ses deux alliées, l'Angleterre et l'Amérique, l'abandonnent, la première n'étant guère disposée à soutenir un pays où sa politique était battue en brèche depuis plusieurs mois ; . quant à la seconde, elle se souciait fort peu de sacrifier, ses intérêts à ceux de la Chine. Cette dernière ne tarda' pas à s'apercevoir de son isolement et reprit les négocia^tions trente jours après la crise. Le Japon put dès lors continuer ses travaux en toute sécurité. Aujourd'hui la reconstruction de la ligne est poussée très activement et sera probablement terminée dans un an. Le pont sur le Yalou, long d'environ 600 mètres et les différents tunnels sont les points les plus intéressants de la nouvelle ligne, dont un tronçon de 40 kilomètres au Sud de Mukden est déjà en exploitation. Au point de vue politique, l'importance d'un pareil chemin de fer est considérable et son exploitation cons-

81

titue, avec diverses autres opérations plus récentes, une véritable occupation de la Mandchourie par les Japonais, qui y envoient tous les jours de nombreux Coréens expulsés de leur pays natal pour être employés à la construction des voies .ferrées concurremment avec les coolies chinois. Au point de vue économique, l'importance de la nouvelle ligne est égalementincontestable : elle détournera à partir d'Harbine une bonne partie du trafic de la ligne Harbine-Vladivostock, Harbine étant ainsi reliée directement par voie ferrée à Fusan, qui n'est plus qu'à une dizaine d'heures de bateau de Shimonoséki, le grand port du Japon situé en face de l'île de Kiushu.

CHEMINS DE FER DU SHANTUNG.

La concession de Kiaochow fut obtenue par l'Allemagne en 1*98, à la suite du meurtre de deux missionnaires allemands dans la province du Shantung. Le commandant de l'escadron allemand en prit possession et une demande fut adressée à Pékin en vue d'obtenir une punition pour le gouverneur du Shantung, une indemnité pour les familles des victimes et le remboursement de toutes les dépenses occasionnées par le corps d'occupation. L'Allemagne réclamait en outre la préférence pour toutes les concessions de chemins de fer qui seraient accordées dans la province. Satisfaction lui fut donnée sur tous ces points et, le 6 mars 1898, était signée une convention dont voici la teneur : « I. Le Gouvernement chinois autorise l'Allemagne à construire deux lignes de chemins de fer dans le Shantung, la première allant de Kiaochow jusqu'à la frontière de la dite province en passant par Wei-hsien, Tsinanfou, la seconde reliant Kiaochow à Ichow d'où on pourra la prolonger jusqu'à Tsinanfou.