Annales des Mines (1911, série 10, volume 20)
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un régime un peu stable. Pour n'en citer qu'un exemple, nous voyons que la compagnie des tramways de Stockholm opérait sur les traitements de ses employés une retenue de 300 couronnes qui devenait sa propriété en cas de rupture du contrat de travail, soit environ 25 p. 100 des traitements inférieurs. A partir du moment où un quart des ouvriers abandonneraient ensemble le travail, la rupture du contrat serait prononcée. De telles conditions peuvent paraître excessives, mais se' justifient peut-être par l'état de crise sous lequel on vivait. En tout cas, elles exaspéraient les ouvriers. Les certificats délivrés par les patrons pouvaient contenir telles mentions qu'il leur convenait.- Aussi, pour permettre d'écarter certains fauteurs de désordres, avait-on parfois noté leur participation à des grèves. Il y eut plusieurs locks-out prononcés par les patrons pour soutenir d'autres grèves en cours. Les ouvriers essayèrent de faire prononcer l'illégalité de ces agissements ; les juges leur donnèrent tort et déclarèrent que ces locksout, ne violant aucunement les contrats de travail en vigueur, étaient parfaitement licites. Puis vint 1a question de l'unification des salaires. Depuisquelque temps on cherchait à mettre un certain ordredans leur répartition et à établir une échelle tenant compte du prix variable de la vie dans les différentes parties du pays. Les patrons espéraient par là égaliser les frais de main-d'œuvre dans une même industrie et diminuer le nombre de ces petites grèves qui avaient fait de la Suède la terre do la lutte perpétuelle. Naturellement, on ne pouvait pas songer à élever le niveau des salaires ; par des augmentations et diminutions partielles, on espérait obtenir une distribution équitable. Dans certains cas aussi, certaines entreprises, qui avaient installé à grands frais des machines coûteuses et
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-obtenu ainsi une production intensive, demandaient la résiliation du contrat antérieur établi en tenant compte de l'ancien rendement et qui aurait donné aux ouvriers des salaires hors de la proportion avec leur travail êt les •bénéfices de l'exploitation. Dès qu'une réduction do salaires avait été prononcée pour quelques ouvriers, on pouvait voir la presse syndicaliste s'émouvoir et crier, à l'oppression sans même s'occuper des conditions générales meilleures et plus •équitables pour tous que l'on s'efforçait de réaliser. A toutes ces causes il faut ajouter la mauvaise situation économique de l'époque: le coût de la vie avait augmenté considérablement, et pour pouvoir y faire face, les ouvriers cherchaient à obtenir des gains plus forts. Pour ne citer que quelques chiffres, nous pouvons voir mie le prix du pain, dans le court laps de temps de 1904 àl907, avait augmenté, suivant les localités, entre 6,3 p. 100 et 9,5 p. 100; le beurre, entre 6,3 p. 100 et 7,6 p. 100 ; les œufs, de 16,3 p. 100 ; la viande de bœuf, de 16,5 p. 100 ; le hareng salé, de 13,9 p. 100. Ces derniers ■chiffres sont des moyennes pour tout le pays ; dans le Nord, la différence était encore plus grande : les œufs avaient augmenté de 21 p. 100; la viande de bœuf, de 26,4 p. 100. Il en était de même à Stockholm. Si l'on pense qu'au même moment la situation industrielle était des plus mauvaises et que les patrons avaient de la peine à maintenir les salaires existants, on se rendra compte que la position était vraiment critique. Voici, dans leurs grands traits, les causes de la grève générale que l'association centrale ouvrière déclara le 4 août 1909 dans toute la Suède. Nous allons voir maintenant la suite des différents conflits qui ont précédé cet événement.