Annales des Mines (1911, série 10, volume 20)
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LÉGISLATION
OUVRIÈRE ET
CONFLIT
SOCIAL EN
SUÈDE
LA GRÈVE.
Après des luttes plus ou moins longues en différent» points du pays, luttes souvent provoquées par des ouvriers, l'Union des syndicats patronaux proclama le lockout dans différentes branches d'industrie et dut bientôt les étendre par suite de l'opiniâtreté des ouvriers. Le 15 février fut proclamé le lock-out des exportateursd'étais en bois à Gôteborg, après des négociations inutiles de près d'un an avec les ouvriers. Le 24 mai, lock-out dans la confection en gros pour hommes ; le 5 juillet, dans l'industrie de la cellulose pour toute la Suède, aprèsune grève commencée le 1 er juin par les. ouvriers. La cause en était que les employeurs, après des perfectionnements mécaniques apportés à leur fabrication, avaient voulu résilier les anciens contrats, tandis que les ouvrier* voulaient continuer à profiter des tarifs précédents. Le même jour, lock-out dans la vente au détail de la confection pour hommes, les employés ayant prétendu àdes augmentations de salaires exagérées. Le 12 juillet, lock-out dans la construction de routes et canalisationsd'eau pour tout le pays, après une grève survenue pendant la construction d'une station de force en Dalécarlie, et la rupture des accords faits en vue de la construction.! d'un chemin de fer en Halland. Il en fut de même dans l'industrie des scieurs de bois, où la plus grande compagnie suédoise Korsnâs Aktiebolag avait évité à grand'peine au printemps une grève de salaires provoquée par les ouvriers (et pourtant, les scieurs de bois comptent parmi les mieux payés dans cette industrie). Un accord formel avait été conclu, qui fut violé ouvertement par les comités locaux. Enfin, les ouvriers métallurgistes entrèrent en grève le
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12 juillet, après avoir abandonné le travail à Munkfors, au mépris de tous les accords conclus. A ce moment, il y avait environ 12.000 ouvriers sans travail. Dans ces conditions, le conseil supérieur de l'Union des syndicats patronaux décida, devant la multiplicité des crises et le manque de parole répété des ouvriers, détendre le lock-out en deux reprises jusqu'à 80.000 hommes. Les principales industries où le lock-out fut proclamé étaient celles des scieurs de bois, la métallurgie et les industries textiles qui avaient été le plus atteintes par la situation actuelle. Le 26 juilletil fut étendu à 50.000 hommes, et le 2 août à 80.000. L'Union patronale avait donné à son comité l'autorisation de le porter jusqu'à 163.000 hommes. Ses ressources étant assez faibles, l'organisation centrale ouvrière se trouva dans l'impossibilité absolue de payer aux ouvriers les indemnités fixées par les statuts. Elle fut alors acculée à un de ces deux partis : ou céder, on proclamer la grève générale. Ce fut cette dernière solution qu'elle choisit. Le 4 août, la grève générale était proclamée dans toute la Suède. Les ouvriers syndiqués espéraient, par ce procédé, vaincre la puissance capitaliste et la contraindre à payer des salaires hors de toute proportion avec l'état du marché mondial. Alors que la grève générale sert d'ordinaire comme moyen d'intimidation à l'encontre du pouvoir exécutif, et a pour but l'obtention de certaines concessions bien déterminées, les organisations ouvrières suédoises, au contraire, voulurent ôter à leur conflit tout ce qui pouvait lui donner un caractère autre que celui d'un conflit direct sur