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LÉGISLATION OUVRIÈRE ET CONFLIT SOCIAL EN SUÈDE

de journaux poursuivirent le syndicat des typographes qui venait de violer un contrat récemment passé et demandèrent des dommages et intérêts. Les fonds de cetteassociation ne purent être séquestrés, car ils avaient été transférés au syndicat des typographes danois. Quoi qu'il en soit, les tribunaux de Copenhague décidèrent que la banque à laquelle ils avaient été remis ne pourrait les céder à personne avant la fin du procès engagé à Stockholm. La grève suédoise fut unique en son genre, si l'on considère la conduite parfaitement paisible et légale des grévistes, h tel point qu'il est impossible de mentionner une collision de quelque importance avec les représentants de la force publique. Jamais l'on n'avait vu 200.000 ou 300.000 ouvriers rester sans travail des semaines et même des mois sans porter aucune atteinte à l'ordre et à la paix. On explique souvent ce fait par l'interdiction absolue de toute espèce de vente d'alcool en gros et en détail, interdiction qui fut rigoureusement appliquée dans le pays tout entier dès le commencement de la grève. Jamais les tribunaux ne furent moins occupés que pendant la grève. Le fait que les ouvriers suédois, assez enclins pourtant à abuser des boissons alcooliques, se soumirent sans résistance aux injonctions de la police, et que, dans tout le pays, il n'y eut aucune insurrection, aucune violation sérieuse de la paix, montre à quel point l'esprit de loyauté et le respect des autorités font partie intégrante du caractère suédois. Ni en Angleterre, ni en France, et encore moins en Italie, les ouvriers ne se seraient soumis à un décret de police extrêmement pénible de cette même manière. Les débits d'eau-de-vie se trouvant fermés, les grévistes endimanchés passaient leur temps à se promener ;

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le Temps de Paris trouva une expression juste en disant que le gréviste de Stockholm faisait penser au public du dimanche de Londres. Le maintien de l'ordre fut dû aussi en grande partie aux précautions prises par les autorités. Toute l'armée -régulière avait été appelée à maintenir la sécurité ; les troupes étaient non seulement consignées dansles casernes, mais encore réparties dans les différents quartiers, logées dans les édifices publics, les collèges, etc.. ; toutes les gares de chemins de fer et tous les ponts étaient occupés militairement. Les hommes avaient reçu des cartouches, et chacun savait que, en cas de résistance ou d'attaque contre les ouvriers désireux de reprendre le travail, les soldats avaient reçu l'ordre de tirer. Néanmoins, le respect de la loi, que tous les Suédois ont appris dès l'école, peut seul expliquer l'absence totale de toute collision. Les mesures de précautions militaires purent être ainsi promptement adoucies. En évitant toute violence, en renonçant à tous les moyens révolutionnaires, la grande grève suédoise mit, pour ainsi dire, un masque légal et restait une lutte purement économique. A partir du moment où l'on comprit que le libre jeu des forces de la société ne saurait être arrêté par l'influence dés partis politiques, on put prévoir la victoire des employeurs, qui constituaient l'élément le plus puissant au point de vue financier. Au bout de deux semaines, les dirigeants de la grève sentirent la partie perdue dans leur for intérieur et firent adresser au gouvernement une demande de médiation. Le cabinet conservateur Lindman trouva préférable de garder l'attitude réservée qu'il avait observée depuis le début. Le 30 août, le Bulletin officiel publia la réponse suivante :