Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1911, série 10, volume 20)

172

ÉTUDE

SUR L'ÉTAIN ET

ET

L'OR EN BOLIVIE

qu'on pourrait l'appeler « enrichissement secondaire mécanique ». En effet, les eaux d'infiltration se frayant leur chemin vers les parties inférieures du filon dissolvent et oxydent dans leur parcours tous les éléments solubles. De là la texture spongieuse des minerais et les cavités dont il vient d'être parlé. La cassitérite qui se trouve à l'état de très petites particules, n'étant pas soluble, est entraînée par les eaux et déposée plus bas à l'état de matière argilo-ferrugineuse très riche, dépassant souvent 60 p. 100 d'oxyde d'étain de teneur et appelée par les indigènes « llampu ». En somme, les cavités creusées par les eaux qui ont désagrégé les masses pyriteuses déjà en décomposition ont servi de conduits à ces eaux, qui ont entraîné la cassitérite mécaniquement pour opérer une sorte de concentration naturelle. Des cas semblables de « llampu » se rencontrent dans de nombreuses mines de Bolivie, et comme nous le verrons, il s'en présente dans les mines de Colquiri et d'Ocavi. L'ingénieur qui n'est pas initié à cette particularité des filons stannifères de Bolivie en examinant une mine risque d'être conduit à une erreur d'appréciation et même défaire un rapport défavorable sur une exploitation bonne en réalité; j'en ai connu des cas pareils et cependant les mines ont prospéré et prospèrent encore. A l'étage n° 6 du filon Salvadora, on note une faille (fig. 7) due à une pression latérale, et une roche d'intrusion qui est interstratifiée entre les couches des roches sédimentaires et qui souvent constitue une des épontes du filon. La faille a été minéralisée avec du quartz légèrement argentifère, et elle est postérieure à la minéralisation de la Salvadora. A ce niveau, le rejet est de 30 mètres, tandis qu'au

SUR LA

GENÈSE DES DÉPOTS

STANNIFÈRES

173

sommet, il est de 120 mètres. Cela provient de ce que les couches de schistes et de quartzites dans les limites de l'anticlinal ont subi une compression plus grande dans leurs parties basses. La roche d'intrusion attire beaucoup l'attention de l'observateur.

FIG.

1. — Filon « Salvadora » de la mine de Milluni (coupe horizontale).

Les indigènes l'appellent « panizo » et « criadero d'estaîio » (un terme qui veut dire quelque chose comme « générateur d'étain ») et, en effet, les gîtes stannifères se trouvent très souvent dans son voisinage. Des cas analogues se remarquent à Ocavi et à Colquiri, mines situées à 160 kilomètres au sud de Milluni, en ligne droite, et le « panizo » paraît être une roche éruptive de nature granulitique. Les minerais de Milluni ont une teneur d'environ 3 1/2 p. 100 Sn. Traitement des minerais à Milluni et à Huayna-Potosi.

— Les mines de Huayna-Potosi et Milluni ont chacune une usine de concentration particulière. Leur force motrice est hydraulique et utilise l'eau de lacs qui ont été formés et qui sont alimentés par les glaciers, aux pieds desquels ils se trouvent (voir photographie n° 1). Souvent le diamètre de ces lacs dépasse 1 kilomètre.