Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1911, série 10, volume 20)

388

LES CATASTROPHES DU PUITS WEST STANLEY

MM. Redmayne et Bain, dans leur rapport officiel, ne se prononcent pas d'une manière catégorique pour ou contre cette hypothèse ; ils font remarquer que si un arc se forme au moment précis où il est entouré d'un nuage poussiéreux, l'inflammation n'est pas impossible, mais que c'est là une pure conjecture. Il est invraisemblable, disent-ils, qu'il y eût en ce point du grisou, mais l'invraisemblable peut être vrai, et l'éboulement a pu dégager une petite quantité de gaz. Enfin l'un des rapporteurs a pu examiner le câhle incriminé et n'y a découvert aucune avarie dans la partie électrique ni aucun signe de fusion ; ce câble n'était qu'extérieurement endommagé, probablement du fait de l'éboulement ; les rapporteurs ajoutent toutefois que les effets de l'explosion ont pu faire disparaître les traces d'une avarie initiale. Les fusibles ont été examinés et trouvés tous intacts, sans aucun signe d'échauffement. Alors même que nous n'aurions pas quelque raison de penser que l'explosion est issue d'une autre région de la mine, il nous paraîtrait difficile d'admettre l'hypothèse imaginée pour expliquer le témoignage d'Elliott : nous savons qu'un nuage très dense de poussières inflammables peut être allumé par un arc électrique, mais il nous paraît bien difficile que les conditions requises soient réalisées dans le cas d'un éboulement, avec un arc jaillissant sous l'éboulement. La production d'un arc, quand le câble paraît être resté sain au point de vue électrique, reste bien hypothétique ; y eût-il eu une inflammation initiale qu'il nous semble, d'après ce que nous commençons à connaître du mécanisme de l'inflammation des poussières et de la propagation des explosions, qu'une explosion généralisée ne se serait pas déclenchée ; le nuage soulevé n'aurait pas été assez volumineux, et il y avait trop de causes de détente autour, du point initial, pour qu une simple flambée dépoussières prît l'allure d'une explosion.

ET DU PUITS PRETORIA

389

Enfin nous ne comprenons pas comment Elliott, à une trentaine de mètres du point initial, n'aurait vu aucune flamme pendant le temps où, regardant vers ce point, il entendit un bruit d'explosion, puis le bruit de berlines culbutées, puis les trois cris d'appel du galibot; il faut remarquer que, dans la galerie d'essais, même au voisinage du point initial, 30 mètres sont parcourus par la flamme en moins d'une seconde, sans quoi la généralisation de l'explosion n'a pas lieu. Nous ne comprenons pas non plus comment les lampes électriques ont pu s'éteindre à cet instant initial, puisque le câblé ne fut pas coupé par l'éboulement et qu'il ne pouvait y avoir, à cet instant, aucun autre effet dynamique. Sans insister sur les raisons subjectives qui peuvent conduire à n'accepter que sous réserves les affirmations d'Elliott, nous pensons que cet ouvrier a parfaitement pu setromper sur la direction d'où venait le bruit de l'explosion ; chacun sait que s'il est facile de distinguer si unbruit vient de droite ou de gauche, en raison de la différence d intensité des sensations perçues par les deux oreilles,' on confond facilement les directions situées dans le plan de symétrie du visage; c'est précisément le cas, puisque Elliott a expliqué qu'il était face au Sud et n'a pas bougé. Au surplus, quiconque a ressenti l'ébranlement produit dans une galerie souterraine par le tir des mines sait combien il est difficile de préciser la direction d'où vient le bruit (*). C'est pourquoi, estimant qu'il ne faut pas trop faire fonds sur le témoignage d'EUiot, et jugeant inadmissible l'hypothèse basée sur ce témoignage, nous ne voyons au(*} C'est à des confusions de ce genre que sont dus les accidents qualifiés « erreurs acoustiques », fréquents notamment dans les ttunesde fer; l'ouvrier, ayant préparé un tir à la mèche et s'étant mis a l'abri, entend partir une mine voisine, qu'il croit être la sienne, et revient prématurément au chantier .