Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1911, série 10, volume 20)

410

LES CATASTROPHES DU PUITS WEST STANLEY

exercices de deux heures dans les fumées, l'instruction est complète, et, après examen, le titre de sauveteur est acquis. Les compagnies affiliées ne possèdent pas d'appareils respiratoires. L'exemple de la catastrophe du puits Pretoria montrera comment fonctionne cette organisation en cas d'accident. Le poste central fut prévenu par téléphone à 8" 5, soit quinze minutes après l'accident ; il téléphona à son tour à un garage d'automobiles voisin, et, douze minutes après, une automobile était. à sa disposition. A 8 h 25, les appareils et approvisionnements, chargés sur l'automobile, étaient dirigés vers le puits où ils arrivaient à 8" 40, soit cinquante minutes après l'accident. Les équipes ne purent être immédiatement formées. Sur les cinq hommes qui avaient été entraînés à l'emploi des appareils respiratoires, l'un était tué, un autre était malade, deux étaient dans la couche Arley et non encore remontés au jour, un seulement était au jour et ne tarda pas à arriver à la mine. Trois sauveteurs d'une autre compagnie se présentèrent au puits vers 9 heures. Ces hommes s'équipèrent et descendirent à 9 h 20, soit une heure et demie après l'accident. Ils furent employés dans la lutte contre les feux les plus voisins du puits n° 4. Malheureusement, lorsqu'ils allèrent vers le feu de South Plodder, ce fut pour y relever trop tard l'homme démuni d'appareil respiratoire, qui s'y était laissé prendre par les fumées. Dans la suite, et pendant les opérations systématiques de reprise de la mine, les sauveteurs munis d'appareils respiratoires ont rendu les plus grands services. Un roulement fut établi entre les quelque 150 hommes venus des compagnies voisines, de manière que, de jour comme de nuit, il y eût toujours en exercice une équipe de sauveteurs travaillant sans discontinuer pendant deux heures. Le rôle de ces équipes fut, en quelque sorte, d'ouvrir la

411

ET DU PUITS PRETORIA

voie, de s'avancer en reconnaissance par les voies d'entrée d'air, en se frayant un premier passage à travers les éboulements et en laissant aux hommes non munis d'appareils, qui les suivaient, le soin d'agrandir les passages et d'effectuer les travaux de soutènement. Lorsqu'ils rencontraient une région envahie parles fumées, les sauveteurs pénétraient dans les gaz irrespirables, sans jamais s'aventurer trop loin, mais juste dans la mesure nécessaire pour le rapide rétablissement de l'aérage au moyen de cloisons, toiles et tuyaux. Ces opérations ont ainsi pu se poursuivre rapidement et avec le moindre risque. Sans l'emploi des appareils respiratoires, l'exploration et la reprise d'un quartier tel que North Plodder eussent été longues et dangereuses ; il ne suffisait pas, en effet, d'avoir isolé par le rétablissement des crossings l'entrée d'air du retour, pour que la ventilation se rétablît; et même la remise en place de tout barrage ou porte isolant les entrées des retours dans les divers circuits secondaires fut trouvée inefficace pour complètement assainir le quartier, quoique tout le volume d'air disponible eût été systématiquement dirigé vers la région en cours d'exploration. C'est qu'en effet ce quartier, comme d'ailleurs d'autres de la même mine, était aéré en cloche et se trouvait rempli de fumées chaudes et de grisou de moindre poids spécifique que l'air frais et très difficiles à déloger d'une région en cloche. L'action du ventilateur ou de la ventilation naturelle a pour effet d'établir entre les voies d'entrée et de sortie d'air une différence de pression, d'ailleurs limitée par la facilité qu'éprouve l'air à passer en court-circuit à travers les remblais et foudroyages. Si la différence de pression n'est pas au moins égale à la différence de poids de deux colonnes d'air et fumées ayant pour hauteur la distance verticale entre la limite des fumées et le sommet des travaux, tous les efforts de la ventilation n'ont pour effet que de faire remonter du côté de l'entrée d'air et Tome XX, 1911.

28