Annales des Mines (1912, série 11, volume 2)
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GISEMENTS DE BORATE DE
CHAUX D'ASIE MINEURE
L'Asie Mineure produirait donc le tiers de la consommation mondiale ; c'est une proportion très élevée eu égard à ce qu'on pourrait attendre de l'exploitation des nombreux gisements des deux Amériques. Gisements. — Généralités. Situation. — Les gisements aujourd'hui connus sont situés dans les environs du village de Sultan-Tchair (25°50 de longitude Est, 39° 50, de latitude Nord) dépendant de la province de Brousse, à 68 kilomètres de Panderma, port situé sur la mer de Marmara, au fond du golfe de l'ancienne Cyzique, auquel ils sont reliés par une voie carrossable qui fera bientôt place à une voie ferrée. Historique. — De temps immémorial, l'industrie de la terre cuite et de la céramique existe aux Dardanelles. Les produits delà fabrication consistent en poteries grossières, vernissées aux couleurs éclatantes, qui sont extrêmement répandues en Orient ; on en trouve dans les villages les plus reculés. La matière employée par les premiers potiers pour le vernissage des terres cuites leur était apportée par les chameliers des caravanes, venant de l'intérieur, qui la ramassaient sur la route près du village de Sultan-Tchair. Ils en ignoraient la composition, et savaient seulement qu'elle était fusible. C'était de la chaux boratée. La première exploitation moderne date de 1865 ; dès le début, on se trouva en présence d'anciennes galeries dont quelques-unes avaient plus de 150 mètres de longueur, que la tradition attribue aux Génois, mais qui doivent être d'une époque bien antérieure, car la poterie vernissée existait certainement avant leur installation sur les côtes de la mer Égée et en Asie Mineure. C'est en 1868 que ce minerai fit pour la première fois son apparition en Europe ; il a été longtemps exporté de
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Turquie comme sulfate de chaux ou pierre à plâtre, et ne payait alors qu'une redevance infime au Gouvernement ottoman, qui, depuis fort longtemps du reste, s'est ressaisi et exige encore aujourd'hui une redevance proportionnelle, qui atteint 16 p. 100 de la valeur du minerai à l'échelle d'embarquement. Cette valeur est calculée sur celle de la tonne de borax, déduction faite des frais de transport en Europe etdes frais de transformation, évalués d'ailleurs arbitrairement. Dans ces conditions, la redevance proportionnelle varie entre 20 et 24 francs par tonne de minerai exporté ; on paie en outre un droit d'exportation de 1 p. 100, calculé sur les mêmes bases. Il yadeux ans, la redevance était calculée sur la même valeur du minerai, mais à la mine et non à 1 echelled'embarquement, et les frais de transport montent à 20 francs par tonne. Exploitation. — Les anciens avaient commencé à exploiter à ciel ouvert des découverts assez étendus au Sud de la formation boratée, mais avaient dû continuer en galeries qu'on a retrouvées à peu près intactes a"u moment de la reprise des travaux, en 1865. Aujourd'hui, l'exploitation est exclusivement souterraine . Par suite de la nature de leur formation, sur laquelle je reviendrai plus loin, les gisements ne présentent pas une régularité constante, aussi ne peut-on pas leur appliquer une méthode d'exploitation absolument rigoureuse; le plus souvent, on opère par piliers abandonnés. Après avoir tracé des galeries suivant la direction et lependage, qui ont pour objet de découper des piliers de dimensions différentes d'après la richesse reconnue, on dépile et on remblaie les parties minéralisées ; quant aux piliers trop pauvres ou stériles, ils sont laissés intacts.