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LE GISEMENT ASPHALTIQUE DU VAL DE TRAVERS

LE

GISEMENT ASPHALTIQUE DU VAL DE TRAVERS Par M. F. BREYNAERT, Ingénieur des Mines.

I. — ESQUISSE GÉOLOGIQUE.

Le Val de Travers est constitué par la dépression comprise entre la chaîne de Chasseron-Creux-du-Van, bordure du lac de Neuchâtel, d'une part, le plateau accidenté de la Côte-aux-Fées et les montagnes de Travers, d'autre part. Orienté du Sud-Ouest au Nord-Est, il s'étend de la frontière française jusqu'aux gorges au delà desquelles l'Areuse, qui occupe le fond du val, se jette dans le lac de Neuchâtel (Pl. IV). Cette vallée occupe un synclinal dont les terrains constitutifs ont été mis à découvert par l'exploitation de la mine d'asphalte, par de nombreuses carrières, enfin par de gigantesques coupes naturelles. Elle s'ouvre dans les assises du Crétacé inférieur, valanginien, hauterivien, aptien et albien. On y rencontre en outre d'importants dépôts tertiaires et morainiques, ainsi .que des amas glaciaires et des alluvions au milieu de la dépression. L'ensemble forme un synclinal plissé, borné au NordOuest et au Sud-Est par les deux anticlinaux constituant les chaînes dont nous parlions plus haut ; mais les assises de l'anticlinal Sud-Est reposent en discordance sur celles des bords supérieurs du synclinal. Le profil ci-

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annexé (*), dû à M. Schardt, professeur au Polytechnicum de Zurich (Pl. V), permet de se rendre compte de l'ossature générale et révèle la présence d'un accident important. L'affleurement de cet accident se perd sous des éboulis, mais son existence est mise en évidence par la plongée des couches vers le Sud-Est dans le Val luimême et l'apparition sur les hauteurs qui le bornent des terrains plus anciens, du Kimméridien, du Portlandien, du Purbeckien et du Valanginien. En étudiant la géologie du versant de l'anticlinal qui plonge vers le lac de Neuchâtel, on est conduit à donner à cet accident la forme d'un pli-faille et cette hypothèse permet le raccordement simple et naturel des assises de l'anticlinal et de celles qui forment le Val. Les terrains intéressants au point de vue de l'imprégnation bitumineuse sont le Néocomien supérieur, à faciès urgonien, qualifié plus simplement « Urgonien », et l'Àptien. L'Urgonien présente deux assises superposées : à la base, le calcaire jaune à Echinodermes ; à la partie supérieure, le calcaire à Caprotines. L'Urgonien inférieur dans le Val est formé de calcaires durs et de marnes jaunes qui ne sont pas imprégnables ; sur les bords du lac, au voisinage de SaintAubin, le calcaire est à grain fin, homogène, poreux, et on y observe des imprégnations bitumineuses qu'on a essayé d'exploiter autrefois. L'Urgonien supérieur présente, au contraire, peu d'imprégnation du côté du lac, tandis qu'il renferme, dans le Val de Travers, tout le gisement intéressant. C'est un banc crayeux, assez grenu, de couleur blanc jaunâtre aux endroits non imprégnés, brun chocolat plus ou moins foncé lorsqu'il renferme du bitume. Il plonge sous les terrains tertiaires du flanc Sud-Est de la vallée ; on le (*) H. SCHARDT, Mélanges géologiques, fascicule VIII, Pl. III; Bulletin Soc. Xnwh. Se, naturelles, t. XXXVII.