Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1912, série 11, volume 2)

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LE GISEMENT ASPHALTIQUE DU VAL DE TRAVERS

vient et les qualités de ce produit entrent en ligne de compte dans la gestion de la Société avec beaucoup d'autres facteurs; la prospérité de la Société ne peut pas permettre de conclure a la valeur d'un des facteurs : elle est la résultante d'un ensemble dans lequel se produisent nécessairement des compensations. La situation pourrait être fort différente si le gisement était exploité par une société n'utilisant pas elle-même ses produits et tributaire, par conséquent, des entreprises de travaux publics. Sans doute le gisement d'asphalte de Travers présente en sa faveur une facilité relative d'exploitation et une teneur élevée en bitume ; il a contre lui certaines lourdes charges, telle, par exemple, la redevance payée à l'État. Si l'on considère que le prix de l'asphalte riche sur le carreau est de 40 francs la tonne au maximum, le chiffre de 7 fr. 50 actuellement en vigueur représente près de 20 p. 100 de la valeur de' substance extraite. Il faut ensuite compter, principalement pour le mastic, avec la concurrence des produits inférieurs. En augmentant . l'addition de bitume de Trinidad, on arrive à fabriquer du mastic asphaltique avec des roches très pauvres. En poussant à la limite, et en se servant de calcaire non imprégné, on fabrique de l'asphalte artificiel dont on fait des planelles et à partir duquel on obtient du mastic. C'est ainsi que dans le Val de Travers même, on trouve au voisinage de la mine un établissement de ce genre appartenant à une société rivale de la Neuchatel Asphalte C°. Le directeur de cet établissement, après avoir longtemps étudié la formation asphaltique du Val, a eu l'idée de reproduire artificiellement l'œuvre d'imprégnation de la nature. Il a ouvert dans une partie non imprégnée de la formation urgonienne une carrière de calcaire absolument identique, au point de vue microlithique, à la roche imprégnée. Ce calcaire finement pulvé-

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risé est intimement mélangé avec du bitume et l'on obtient ainsi un succédané de l'asphalte. Il est bien certain que, pour aboutir à un -produit sérieux, cette fabrication doit être menée avec un soin et un tour de main peu communs ; elle présente donc certaines difficultés, mais elle n'en existe pas moins. On se rend donc compte de la multiplicité des concurrents que pourrait rencontrer une exploitation désirant écouler dans le commerce des produits d'excellente qualité, il est vrai, mais d'un prix accru par de lourdes charges. A défaut d'une clientèle très fidèle, elle pourrait rencontrer les plus graves difficultés. La situation est tout autre lorsqu'un gisement de ce genre se trouve entre les mains d'une société utilisant elle-même les produits de l'extraction et venant à bout de ses charges, grâce aux bénéfices que lui procure, après utilisation, la supériorité des matières mises en œuvre. Grâce à cette particularité, les richesses naturelles si importantes du Val de Travers sont utilisées au mieux, pour le plus grand profit de l'État concédant et de la société exploitante, et cette heureuse circonstance permet une exploitation rémunératrice pour tous de ce beau gisement.