Annales des Mines (1912, série 11, volume 2)
Page : Image 207
Révision de 27 janv. 2015 23:10:00, edited by Anonymes
410
REVUE DES ACCIDENTS DAPPAREILS A VAPEUR
Les accidents sont attribuables principalement au mauvais entretien, à la vétusté, à l'usure des chaudières, à la négligence de ceux qui s'en occupent. Passons en revue les plus frappants. Ruptures de l'enveloppe. — Accident du 8 août 1904, à Persac. — Le 8 août 1904, sur le territoire de Persac (Vienne), l'explosion d'une locomobile batteuse tuait trois cultivateurs et en blessait cinq, dont quatre grièvement. C'était un appareil du type h-, de 10 mètres carrés de surface de chauffe, 940 litres de capacité, timbré à 6 kilogrammes. Son origine est incertaine, mais paraît remonter à 1874 ou à une époque antérieure; cette chaudière avait donc au moins trente ans. Elle avait subi, en 1894, une réparation consistant dans le remplacement du foyer, de la plaque tubulaire de boîte à fumée et de la tubulure ; mais c'est l'enveloppe, c'est-àdire ce qui restait delà construction primitive, qui a fait explosion. Elle s'est fragmentée tout entière, corps horizontal et corps vertical. La division s'est faite en une vingtaine de morceaux, qui ont été projetés à des distances diverses allant jusqu'à 135 mètres, tandis que le foyer restait intact et en place sur sa plaque de base. On dit avoir entendu deux détonations successives : à l'instant de la première, l'engreneur déclare avoir aperçu un jet de vapeur sortant du flanc droit de la chaudière. L'examen de la manière dont la fragmentation s'est faite et dont les débris ont été projetés paraît démontrer que l'avarie initiale s'est effectivement produite du côté droit et, probablement, dans le corps horizontal, au voisinage de sa jonction avec le corps vertical. Le mode de fragmentation indique que les tôles, dont on ne saurait guère, après trente ans de service, ou peut-être davantage, incriminer la qualité initiale, avaient, à l'époque de l'accident, les caractères d'un
REVUE DES ACCIDENTS D'APPAREILS A VAPEUR
411
métal fragile. Quant aux essais effectués, après l'accident, sur des éprouvettes découpées dans les débris, nous ne voudrions pas trop faire fonds sur leurs résultats, car on peut se demander, dans un cas comme celui-ci, si les défauts de ductilité que l'on constate ne sont pas en tout ou partie l'effet d'un écrouissage produit, lors de l'explosion même, par l'effet des déformations et des chocs. Ces résultats, que résume le tableau suivant, semblent cependant intéressants par la comparaison des chiffres entre eux.
EN LONG
Résistance kg/mm 2
/ Tôle inférieure Corps \ (1" échantillon) cylindrique / Tôle inférieure horizontal / (2" échantillon) ' Tôle supérieure.
EN TRAVERS
Allongement Résistance Allongement kg/mm 2 p. 100 p. 100
24,90
1,25
29,33
2,33
23,19
0,33
28,19
1,66
33,2ô 36,03
5,43 5,68
19,99 31,99
zéro 6,09
D'autre part, il n'est pas impossible qu'il y ait eu excès de pression. Lorsqu'on a retiré le dôme de la chaudière du pailler où il avait été projeté, il est tombé, au cours du travail, une cale en bois qui avait, à l'évidence, eu pour office décaler l'une des soupapes, et, bien que le chauffeur ait soutenu que cette cale n'avait été en place qu'antérieurement au travail de battage, pendant le transport de la machine froide, il est invraisemblable qu'elle eût suivi le même chemin que le dôme, si elle n'avait pas été en prise avec le levier de soupape, lors de l'explosion. Accident du 18 avril 1905 à Fesgues. — L'accident, purement matériel, survenu le 18 avril 1905 dans une ferme de la commune de Fesques (Seine-Inférieure) a consisté dans le détachement d'un lambeau au bas du corps cylindrique d'une chaudière verticale à foyer