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REVUE DES ACCIDENTS D'APPAREILS A VAPEUR

Dans de telles conditions, l'explosion s'explique sans peine. Cet accident, par chance, n'a tué ni blessé personne. Voici un nouvel exemple tout à fait excessif de la légèreté de ces constructions en cuivre. Le tambour sécheur qui a fait explosion le 15 septembre 1902 dans une usine de tissage de coton à la Petite-Raon (Vosges) avait été construit en 1894 ; son timbre était de 2 kg ,5; il ne mesurait pas moins de 2 mètres de diamètre, avec l m ,83 de longueur. Or, avec ces dimensions, sa table cylindrique était formée par une tôle de cuivre de »D 2 mm ,25 : la formule T = donne dans ce cas 11 kilo2e

grammes par centimètre carré. On ne peut être surpris que d'une chose, c'est qu'un semblable appareil ait vécu huit ans. Ce ne fut pas d'ailleurs sans souffrir et sans prévenir. Le cylindre était formé de deux feuilles de cuivre, assemblées l'une à l'autre par brasure suivant deux génératrices, ou plus exactement suivant deux lignes à redans avec recouvrement de 3 centimètres. C'est suivant l'une de ces lignes d'assemblage quel'appareil s'est ouvert sur toute sa longueur. L'enquête a relevé, le long de la déchirure, cinq cassures anciennes de longueurs diverses, depuis 30 jusqu'à 135 millimètres, intéressant soit l'une, soit l'autre des deux tôles. Trois rivets avaient été interposés dans l'assemblage ; la plus longue des cassures anciennes passait par l'un d'eux. Sur la face intérieure, la ligne de jonction avait été recouverte de plusieurs couches d'étain successives, dont l'épaisseur totale atteignait sur certains points 5 millimètres : on recourait à ce moyen pour étancher l'appareil lorsqu'il se produisait des suintements. L'autre ligne de brasure, symétrique de celle qui a cédé, avait été non seulement calfatée par des placages analogues, mais raccommodée en trois endroits par la pose de

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pièces rivées, mesurant respectivement 13,15 et 20 centimètres de longueur. La plupart de ces opérations, véritablement regrettables, car la répétition des suintements aurait bien dû ouvrir les yeux sur l'insuffisance générale de la résistance, avaient été exécutées par le constructeur lui-même. Toutefois, la veille de l'accident, une nouvelle application d'étain avait été faite par un ouvrier du pays. On n'a point de raison spéciale de penser que cette dernière tentative pour étancher l'appareil ait hâté l'explosion, mais du moins était-elle impuissante à la retarder. Mê me avec une solidité précaire, il peut arriver qu'un appareil dure longtemps, ce qui n'autorise d'ailleurs pas à compter sur ces cas de longévité. Le cylindre d'encolleuse qui s'est ouvert le 9 juillet 1910, à Rouen, dans un atelier de tissage et d'apprêt, n'avait pas moins de quarante-trois ans de service à cette usine, et peut-être davantage au total. Il est vrai qu'il fonctionnait à basse pression : son timbre était de 1 kilogramme seulement. Toutefois, même pour ce timbre, son coefficient de sécurité n'était guère rassurant. Avec l m ,50 de diamètre et l m ,43 de longueur, il avait sa table cylindrique formée d'une feuille de cuivre qui, en dehors de la région plus spécialement amincie dont nous parlerons tout à l'heure, avait une épaisseur de l mm ,5. A cette épaisseur corres-. pond, d'après la formule, une tension de métal de 5 kilo-, grammes par millimètre carré. Il est vrai que l'épaisseur avait dû être plus grande à l'origine : nous ignorons dans quelle proportion elle avait été réduite par l'usure. L'assemblage longitudinal par brasure était fait de la manière que voici : l'un des bords de la tôle avait été découpé en une série de redans inégaux, alternativement en forme de queues d'aronde et.de longs trapèzes; l'autre bord, resté rectiligne, avait été introduit entre les uns et les autres, puis le tout noyé dans la brasure ; un placage intérieur d'étain assurait l'étanchéité. En juillet 1909,