Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1913, série 11, volume 4)

184

EXPÉRIENCES SUR L'OXYDATION DE LA HOUILLE

Je croirais plutôt que ce phénomène complexe est la manifestation d'une combustion très lente, d'une oxydation de dérivés de la cellulose,, de la chlorophylle et de leurs imprégnations. Les exemples de combustions lentes, de résinifications, sous l'action de l'air, sont nombreux; mais, je ne sache pas qu'on en ait beaucoup poursuivi l'étude, au point de vue des gaz qu'elles peuvent dégager. Un semblable travail ne manquerait pas d'intérêt scientifique. ,J'ai observé, aussi, pour les houilles riches en matières volatiles, un accroissement considérable de la production d'eau, de gaz carbonique et d'oxyde. de carbone, à partir d'une température voisine de 125°. A cette température, le dégagement gazeux devenait si abondant dans mes expériences que les appareils ne suffisaient pas atout absorber. Les chiffres que j-'ai indiqués, dans ces conditions, ne figurent dans les tableaux que pour mémoire. En outre, à partir de cette température critique, j'ai constaté dans l'eau condensée des traces de carbures odorants et l'odeur caractéristique de l'acide acétique. Cette dernière observation m'a conduit à réaliser quelques expériences sur l'action de l'air, au-dessus de 100°. Elles sont l'objet d'un chapitre spécial. Les remarques précédentes s'appliquent aux houilles de Decazeville, de Courrières et à la houille Marckd'Anzin. L'accroissement du dégagement gazeux a été moins sensible avec le charbon beaucoup plus maigre de la veine Clémentine. J'ai dû chauffer cette dernière houille jusqu'à 150°, pour obtenir une production un peu notable d'oxyde de carbone. J'ai fait la même observation avec un autre charbon d'Anzin, celui de la veine Lambrecht, qui correspond à 18. p. 100 de matières volatiles. L'anthracite de la Mure qui n'a pas plus de 2 p. 100 de matières volatiles, s'est comporté, au contraire, toute

EXPÉRIENCES SUR L'OXYDATION DE LA HOUILLE

185

proportion gardée, comme la houille de Decazeville. On sait que la houille de Decazeville et l'anthracite de la Mure proviennent géologiquement de la formation stéphanienne. Enfin, l'appareil était complété par un petit tube qui pouvait contenir une certaine quantité de charbon, recevait l'air et était chauffé dans les mêmes conditions que le tube de cristal. J'ai prélevé ainsi, au cours des expériences, des prises d'essai, sans ouvrir le tube principal. J'ai constaté que le charbon pouvait être chauffé dans le courant d'air sec, jusqu'à 80°, sans présenter de traces sensibles d'acide ulmique. A 120°, au contraire, les houilles de Decazeville, de Courrières et" de la veine Marck ont gagné une proportion notable d'acide ulmique, coexistant avec le dégagement important d'eau que j'ai signalé plus haut.

III. - PRÉSENCE DE L'OXYDÉ DE CARBONE DANS L'ATMOSPHÈRE DES MINES DE HOUILLE.

A. Effet de l'humidité. — Il paraît résulter de ces expériences que les traces de l'oxyde de carbone que l'analyse a pu relever, dans l'atmosphère des houillères, y existent non point accidentellement, mais, en quelque sorte, nécessairement. Certains chimistes ont reconnu, en effet, un peu d'oxyde de carbone, au seindes mines- de charbon, et ils en ont vu l'origine dans la décomposition des matières explosives. Mes recherches accusent surtout l'action de l'air sur la houille. J'ai jugé utile de le contrôler à l'aide d'expériences spéciales. J'ai soumis à l'action de l'air, dans l'appareil décrit plus «aût, quelques échantillons de houille, à l'état brut, c'està-dire non desséchés. J'ai ainsi observé que l'action de l'air, à une température déterminée, dégage moins d'oxyde