Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1914, série 11, volume 5)

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LES GISEMENTS DE CHARBON DU SPITSBERG

long de la côte ouest et dont les sommets pointus, les contours effroyablement déchiquetés et les flancs bouleversés sont apparus tout d'abord aux premiers explorateurs, a donné son nom à l'archipel. Elle appartient à la fameuse formation de Hekla-Hook, dont l'âge, longtemps discuté, est aujourd'hui regardé comme silurien. Ses roches ont résisté à l'action des agents atmosphériques et leur couleur sombre donne au paysage un aspect particulièrement sauvage. Les glaciers y abondent mais ne constituent pas une inlandsis, car, loin de circonscrire les pics, ils semblent au contraire s'en échapper, à la manière des glaciers alpestres. - Très différentes d'aspect sont les montagnes archéennes qui occupent la pointe Nord-Ouest du Spitsberg ; elles sont peu élevées et leurs cimes arrondies et rabotées témoignent du passage des glaces. Rien n'égale la désolation de ce paysage aux formes lourdes; dépourvu de toute végétation et au milieu duquel s'étalent de majestueux glaciers. Une autre chaîne archéenne, celle des monts Chydenius, se dresse sur la rive orientale de Wijde Bay ; ses sommets semblent être les plus hauts du Spitsberg, et l'un d'eux, le mont Newton, atteint 1.730 mètres. Entre ces grandes chaînes et formant deux espèces de voussoirs inégalement enfoncés, apparaissent deux régions où les couches sont restées horizontales depuis le dévonien. Ce sont, d'une part, le vaste territoire dévonien et carbonifère situé au nord de l'Isfjord, qui vient buter par faille à la chaîne occidentale et aux monts Chydenius ; d'autre part, la bordure intérieure des grands fjords et le pays qui s'étend de la chaîne occidentale à la côte est. Cette seconde zone est de beaucoup la plus intéressante ; c'est la mieux étudiée parce qu'elle est d'un accès relati-

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vement facile, et c'est elle qui renferme les grands gisements de houille. Elle contient exclusivement des couches mésozoïques et tertiaires formées de grès tendres et de schistes restés à peu près horizontaux ; aussi la topographie y affecte des formes très douces, et le pays se présente comme un plateau d'altitude moyenne que les vallées ont découpé en une série de quartiers divisés eux-mêmes par des torrents secondaires en véritables bastions (*). . Seules de grandes coulées de basalte viennent former sur les rives des fjords des escarpements abrupts qui contrastent avec l'apparence un peu molle des couches sédiment aires. La végétation à l'intérieur de l'Isfjord est étonnante pour la latitude, et tous les cônes d'éboulis sont, en été, couverts de verdure. Les quelques fleurs et les maigres herbes qui égayent le paysage constituent malgré tout une flored'une extrême pauvreté, si on la compare non seulement à celle de nos pays, mais surtout à la végétation semi-tropicale qui recouvrait le Spitsberg au début du tertiaire. Le climat était tempéré, sinon chaud, et les forêts vierges qui s'élevaient sur des terres basses et humides ont donné naissance aux grands dépôts de houille. Les couches tertiaires sont d'une richesse inouïe en plantes admirablement conservées, et l'on a pu dire avec raison qu'elles « constituaient un des plus grands herbiers fossiles de ces temps éloignés».

(*) Ce caractère est si accusé que M. de Geer a proposé, dans un but de simplification, de donner un nom à chacun des grands quartiers, et de numéroter leurs ramifications à la manière des maisons d'une cité.