Annales des Mines (1914, série 11, volume 5)
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connu qu'ils s'étaient trompés de robinets, ils ont fermé tous les robinets. Il était alors neuf heures du matin, et à partir de ce moment, la chaudière ne communiquait plus avec l'atmosphère que par le tuyau d'arrivée d'eau froide. Le chasseur de l'hôtel, ignorant que des travaux étaient en cours et que le tirage du foyer devait rester étranglé, a ouvert en grand la porte du cendrier quand il est venu recharger le foyer comme d'habitude à neuf heures et demie. A une heure quarante-cinq du soir, la situation du foyer et des robinets n'ayant pas été modifiée depuis le matin, la chaudière a fait explosion. Le fond supérieur de la chaudière s'est détaché du corps auquel il était, d'ailleurs, mal soudé, et il s'est déchiré. Le plafond de la cave et celui de la pièce du rezde-chaussée située au-dessus de la chaudière ont été défoncés. Des cloisons, des portes et des fenêtres ont été démolis dans la cave, au rez-de-chaussée et au premier étage, et huit personnes ont été blessées dans l'hôtel ou dans la rue. L'explication de cet accident est moins simple que pour les deux premiers accidents. La chaudière du Terrass Hôtel avec les canalisations et les deux réservoirs supérieurs constituait un thermosiphon constamment rempli d'eau et communiquant librement avec l'atmosphère lorsque les robinets étaient ouverts. Dans cette situation, il ne pouvait pas se former de vapeur dans la chaudière, et la pression y était égale à celle d'une colonne d'eau de 29 mètres de hauteur, soit 2 kb',9 par centimètre carré. Lorsque les robinets des conduites d'eau chaude ont été fermés, la chaudière était donc remplie d'eau soumise à une pression de 2 kg ,9, exercée par la colonne de 29 mètres de hauteur contenue dans le tuyau d'eau froide, et la température de l'eau de la chaudière, comprise entre 70" et 100°, était inférieure à la température de vaporisaporisation de l'eau sous la pression de 2 ke ,9, qui est
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de 143°. Le foyer, continuant à fournir de la chaleur, la température de l'eau s'est élevée dans la chaudière sans formation de vapeur jusqu'au moment où elle a atteint 143°. A partir de cet instant, il s'est formé de la vapeur qui s'est rassemblée à la partie supérieure de la chaudière en refoulant l'eau par le tuyau d'eau froide. Le refoulement de l'eau ne pouvait avoir lieu que grâce à un excès de pression au-dessus de celle qui équilibrait la colonne de 29 mètres de hauteur. Cet excès de pression devait vaincre les frottements des molécules d'eau circulant dans un tuyau long, étroit, fréquemment coudé; il devait, en outre, augmenter la vitesse de circulation de l'eau dans le tuyau. La vitesse d'écoulement de l'eau dépendait ainsi de la pression régnant dans la chaudière, qui était elle-même fonction de la température. La chaleur entrant dans la chaudière avait pour effet d'élever la température de l'eau, d'engendrer un volume de vapeur égal au volume d'eau refoulé et de produire le travail de refoulement de la colonne d'eau. La température, la pression, et par conséquent la vitesse de refoulement de l'eau devaient augmenter progressivement. Le calcul permet de se rendre compte que la pression a pu augmenter ainsi, au cours de la vidange de la chaudière, dans des proportions suffisantes pour expliquer l'explosion (*). Il est possible, d'ailleurs, que la chaudière ait résisté à la surpression qui s'est développée pendant la vidange de la chaudière, et qu'elle ait cédé plus tard sous un excès de pression résultant d'un autre phénomène. La chaudière était formée, en effet, de deux anneaux concentriques réunis à la partie supérieure, séparés à la partie inférieure, et c'est sur l'anneau extérieur que le tuyau d'eau froide était inséré. La vapeur a refoulé l'eau qui se (*) Cet accidenta donné lieu à une communication faite, le 11 février 1913 à l'Académie des Sciences par M. l'Inspecteur général des Mines Lecornu.