Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1853, série 5, volume 2, partie administrative)

g4

NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR M. EBELMEN.

les animaux lui ont enlevé. Eh bien ! ce balancement imagi-

siste à soumettre à la fusion ignée les corps simples ou com-

naire n'est plus qu'un phénomène de détail passant inaperçu à côté des sources d'altérations purement géologiques qu'E-

proportions propres à constituer des combinaisons définies. 11

96

posés , seuls ou mélangés les uns avec les autres en certaines

son oxygène à l'air, qu'elles en soutirent l'acide carbonique

arrive souvent, dans ce cas, que des cristaux se forment et s'isolent au milieu de la masse fondue pendant le refroidissement. C'est ainsi qu'on a reconnu, soit dans les produits des verreries, soit dans les scories provenant de foyers métallur-

par leur chaux. La terre y rejette, au contraire, des masses non moins grandes d'acide carbonique par ses volcans ; elle

giques, diverses combinaisons qu'on a pu isoler et dont M. Mitscherlich a constaté la parfaite ressemblance avec des

lui en rend des quantités non moins considérables par une foule de combustions lentes qui se passent à sa surface. L'air

produits du règne minéral. C'est par cette même méthode que M. Berthier a su préparer un certain nombre de combinaisons

est donc un élément géologique changeant sans cesse et déterminant sans cesse les changements que la surface du globe

cristallisées parmi les borates et les silicates. Elle n'est applicable évidemment qu'aux combinaisons fusibles à la tempéra-

subit. Ebelmen a laissé ainsi une trace profonde dans l'histoire de l'air et dans celle de la physique du globe.

ture des foyers auxquels le mélange est exposé. La seconde méthode ne peut s'employer que pour des combinaisons distillables ou volatiles. Elle est connue depuis longtemps sous le

Tous ces brillants travaux eussent suffi sans contredit à la

nom de sublimation. La méthode imaginée par Ebelmen diffère essentiellement des deux précédentes ; son principe est d'une

belmen a découvertes et dont il a calculé les effets. C'est par masses immenses que les roches qui se désagrègent sans cesse pour former les terrains de transport enlèvent, par leur fer,

gloire d'Ebelmen; mais il lui était donné d'aller plus loin encore et de faire une de ces découvertes qui perpétuent un nom dans la postérité. Le monde savant s'étonna tout à coup à la lecture faite le 8 novembre 18/17, à l'Académie des sciences, d'un mémoire (1) sur une nouvelle méthode pour obtenir des combinaisons cristallisées par la voie sèche et sur ses applications à la reproduction des espèces minérales. C'est qu'en

extrême simplicité. Quand on soumet à la température ordinaire ou à des températures peu élevées l'eau tenant en dissolution certains sels, l'évaporation de cette eau donne naissance , la plupart du temps, à des combinaisons cristallisées. Pourquoi n'en serait-il pas de même de substances qui se volatilisent à de très-hautes températures et qui ont la propriété,

effet Ebelmen venait de faire une découverte du premier ordre en imaginant une méthode propre à obtenir par la voie sèche, à l'état de cristaux parfaits, des composés semblables à ces

quand elles sont en fusion, de dissoudre la plupart des oxydes métalliques ? Ebelmen avait à sa disposition les fours à por-

corps naturels que nous connaissons sous le nom de pierres siliceuses , de pierres gemmes et de pierres précieuses, corps

il ne douta pas un seul instant qu'en y plaçant des corps fusibles tels que l'acide borique, le borate de soude, l'acide phosphorique avec des proportions de certains oxydes calcu-

remarquables, comme on sait, par leur insolubilité dans l'eau

celaine de Sèvres qui produisent de très-hautes températures ;

et les autres liquides neutres, et par leur extrême résistance à tout ce qui tendrait à en altérer les propriétés.

lées d'avance, il ne parvînt, par suite de l'évaporation lente

Deux méthodes différentes, remarque Ebelmen, ont été seules employées jusqu'à présent pour obtenir, par la voie

tement comme on obtient des cristaux d'alun en faisant évaporer l'eau qui tient ce sel en dissolution. Le succès dépassa

sèche, des combinaisons cristallisées et définies. L'une con-

toutes ses espérances , et l'on comprend aisément l'effet que

du dissolvant, à produire des combinaisons cristallisées, exac-

produisit ce travail, si l'on considère la simplicité des moyens (t) Voir les Annales de physique elde chimie, 3e série, t. XXII (1848).

à l'aide desquels la synthèse chimique a été assez puissante