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DANS LES MINES ET USINES DE BELGIQUE.

ENQUÊTE OFFICIELLE SUR LA CONDITION DES OUVRIERS

rémunération s'ajoute une prime, dans un grand nombre d'usines, lorsque le travail comporte une économie de matière première dépendant de l'habileté de l'ouvrier, et que l'objet est susceptible d'un mode régulier d'évaluation. Cette prime est basée, par exemple, pour les puddleurs, les fondeurs de zinc ou d'<acier, sur le rendement, à dépense égale de combustible, de la fonte ou du minerai, et sur la qualité du produit; pour les chauffeurs de fours à coke, sur le rendement de la houille; pour les potiers, sur la durée des cornues réfractaires. Ce système obtient plus de faveur dans le pays de Liège, où les grandes usines donnent l'exemple, que dans le Hainaut, où les industriels paraissent répugner à l'admettre. Nous avions déjà remarqué, au sujet de l'exploitation des mines, les mêmes tendances dans les deux régions. Les primes ouvrières sont, d'ailleurs, plus difficilement applicables à la rémunération des mineurs qu'à celle des fondeurs et forgerons.

VJII.

— MAISONS

D'OUVRIERS.

Dans la province de Namur et dans quelques parties de celle de Liège, où les établissements sont éparpillés et peu importants, les conditions d'existence de l'ouvrier mineur ou métallurgiste, sont analogues à celles de l'ouvrier agricole. Ils logent, en général, chez eux ou chez leurs parents; s'ils ne sont pas propriétaires, ils trouvent aisément, pour la somme de 60 à 120 francs par an, une maison de deux à quatre pièces et un petit jardin de cinq à six ares. Le logement des ouvriers n'est pas moins confortable dans les localités peu peuplées, où se sont fondées brusquement des exploitations ou des usines de quelque importance, et où la construction de maisons s'est imposée comme une nécessité pour attirer la main-d'œuvre; mais ce cas est le moins fréquent et il reste beaucoup à faire dans les centres anciens de production, où les progrès rapides de l'industrie ont amené une affluence excessive de population ouvrière. Là l'insuffisance des logements, la cherté des loyers sont devenus de sérieux obstacles à la prospérité des exploitations et ont déterminé les compagnies à construire elles-mêmes des maisons; malheureusement elles ne se sont engagées dans cette voie qu'à regret et par nécessité. De nouvelles habitations se sont élevées afin de pourvoir à de nouveaux besoins; et la situation générale de la population est restée aussi mauvaise :

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« Dans l'établissement de ces maisons,—dit M. l'ingénieur en chef Rucloux — nos industriels n'ont eu, du reste, en vue que d'augmenter le nombre des logements. Elles n'ont rien de la maison ouvrière, telle qu'on la conçoit généralement depuis qu'elle a été élevée à la hauteur d'une institution. Aussi elles sont loin d'offrir toutes un logement convenable, encore moins agréable à l'ouvrier, et le but essentiel de l'institution, celui de solliciter l'ouvrier à l'épargne, en lui permettant de devenir acquéreur de son habitation, au moyen de payements partiels échelonnés sur une période plus ou moins longue, a été complètement méconnu. En règle générale, la sociélé se réserve la propriété de la maison et ne la loue qu'à ses propres ouvriers. »

Dans le Borinage, où la population est très-dense (il y a des communes, même rapprochées les unes des autres, qui dépassent 10.000 âmes), mais où les ouvriers habitent depuis un temps immémorial dans le voisinage des fosses, de telle sorte qu'il était inutile de construire des cités ouvrières pour recruter des bras, trois sociétés seulement possèdent des maisons de quelque importance; le nombre total de celles-ci n'est que de 956. Chacune d'elles est louée à un ouvrier ou à une veuve d'ouvrier; on peut compter cinq personnes en moyenne par famille; et comme un seul enfant d'ordinaire est en état de travailler avec le père, les compagnies houillères ne logent guère que 7 p. 100 du nombre de leurs mineurs. Dans le bassin de Charleroi, les conditions sont bien moins satisfaisantes encore : les sociétés ne possèdent que 278 maisons dépendant des houillères et i35 dépendant des usines; elles logent respectivement 5o8 et 175 ouvriers, dont les familles réunies ne comprennent guère plus de 2.000 personnes. « Au sein d'une agglomération comme celle qui nous entoure, — dit l'ingénieur de cet arrondissement, — la nécessité de ces maisons se fait moins sentir. Avec ses idées d'indépendance, le bouilleur n'aime pas ces habitations, souvent groupées, qu'il nomme des casernes. Dans son ignorance, il est déliant et croit que, si l'on cherche à l'attirer, c'est pour l'enchaîner ou pour en retirer un bénéfice. 11 n'a plus, comme on dit, ses coudées franches. Il résulte de là que ces habitations sont occupées par des étrangers et souvent par des ouvriers médiocres. Les bons ouvriers mêmes n'en veulent pas, et il faudra longtemps avant de déraciner ce préjugé. »

Les maisons ouvrières coûtent le plus souvent de i.5oo à francs; l'étendue variable du jardin attenant influe beaucoup sur le prix, qui ne descend pas au-dessous de 1.3oo francs. Une maison de i.3oo francs se loue 3 francs par mois environ. Pour des maisons plus importantes, et ce sont les plus nombreuses, le loyer s'élève à 6, 8, 10 et it francs; mais alors il 2.5oo

DÉCRETS,

1870.

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