Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1881, série 7, volume 10, partie administrative)

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COMMISSION DU

GRISOU.

une soumission absolue aux règlements prescrits; presque toujours, après un accident grave résultant de l'inflammation du grisou ou des poussières, on a trouvé sur un certain nombre de victimes, des allumettes, du tabac, de la poudre, des outils pour ouvrir les lampes de sûreté, et dans certains cas des lampes ouvertes. Plusieurs fois on a pu constater que des coups de mine avaient été tirés sur des points dangereux, malgré la défense expresse des chefs. « Ces résistances aux précautions prescrites résultent, en grande partie, de ce que l'on impose des règlements uniformes dans toutes les parties d'une mine, lorsqu'il n'y a pas plus de deux ou trois chantiers où les précautions prescrites soient motivées. Les ouvriers, gênés par ces précautions qu'ils savent inutiles, cherchent tous les moyens pour les éluder, et leur exemple entraîne ceux qui sont placés dans les chantiers dangereux. « Comme preuve de l'efficacité des précautions qui peuvent être prises dans des chantiers grisouteux, nous citerons l'exécution récente d'une galerie a Montceau-les-Mines, dans des alternances de grès et de schistes charbonneux qui émettaient une grande quantité de grisou. Cette galerie a été percée en 1877-1878, sous la direction de M. Mathet, ingénieur en chef des mines de Blanzy, par M. Leclaire, ingénieur chargé du service de la perforation mécanique. Le grisou s'y dégageait d'une manière générale d'alternances de schistes charbonneux et principalement par une série de soufflards ; la galerie était aérée par un tuyau adducteur d'air et par l'action d'un Kœrting à air comprimé. A ce moyen de ventilation continue s'ajoutait l'air comprimé débité pendant le travail par les perforatrices; la conduite générale de l'air comprimé permettait en outre de purger les cloches et les anfractuosités des plafonds par des injections directes au moyen de tuyaux en caoutchouc. « La lampe Mueseler-Dubrulle était seule employée pour l'éclairage. Enfin les trous de mine percés sur les fronts d'attaque étaient allumés par volées successives, après le départ de tous les ouvriers, au moyen d'un appareil électrique placé à un étage supérieur. « Sous la protection de ces précautions : aérage continu suffisant pour diluer et entraîner les gaz, air comprimé pour purger les cloches, lampes Mueseler, allumage des mines par l'électricité, la galerie fut exécutée sans le moindre accident et sans qu'il se soit produit aucune explosion par l'allumage des mines, malgré un dégagement abondant de grisou.

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Dans le régime habituel de l'exploitation, on n'eût jamais admis un travail dans de pareilles conditions; dans le cas particulier, il y avait nécessité pour assurer la ventilation d'un nouvel étage. « Cet exemple, auquel on pourrait enjoindre beaucoup d'autres, prouve que l'observation attentive des précautions prescrites peut suffire pour éviter les accidents par le grisou. La science n'a pu trouver encore aucun moyen pour décomposer et neutraliser le grisou ; il faut donc l'entraîner au dehors par une ventilation suffisante, et les ventilateurs en usage répondent à toutes les conditions désirables d'aérage. Sous ce rapport la commission du grisou ne peut que recommander l'établissement de la ventilation mécanique pour les mines sujettes au grisou. « Les expériences faites devant la commission sur les diverses lampes de sûreté actuellement en usage ont mis en évidence la supériorité du système Mueseler. Ce système nous paraît devoir être prescrit toutes les fois que le grisou aura été constaté dans un chantier. Les objections qui ont été produites doivent être prises en considération pour les voies d'entrée d'air qui précèdent les chantiers grisouteux, et pour les chantiers qui ne donnent lieu à aucun dégagement; dans ces derniers cas la lampe Davy présente évidemment des garanties suffisantes. « Le danger qui subsistera toujours, malgré les garanties de sécurité résultant de la ventilation et de l'éclairage, c'est la solidarité qui existe entre les ouvriers qui se conforment aux règlements et les indisciplinés porteurs d'allumettes, toujours en opposition contre ces règlements, et qui ont été, le plus souvent, cause des désastres qui se sont produits. « Pour qu'un règlement soit respecté, il ne faut pas qu'il soumette aux mêmes exigences toutes les parties d'une mine, de telle sorte que, pour la majorité des ouvriers, l'inutilité de ces exigences soit en quelque sorte évidente. « Les précautions de sûreté seront observées beaucoup plus exactement lorsqu'elles seront localisées et proportionnées aux dangers qui peuvent se produire. Les ouvriers comprendront alors qu'elles sont basées sur l'étude des conditions différentes que présentent les divers quartiers de la mine. « Enfin il est nécessaire que les règlements d'une mine aient, aux yeux des ouvriers, un caractère évident de légalité, et qu'ils ne résultent pas uniquement de la fantaisie de leurs chefs immédiats, dont ils sont habitués à contester souvent l'autorité. « Un règlement spécial devrait donc être étudié pour chaque mine sujette au grisou, et contresigné par l'autorité administra-