Annales des Mines (1820, série 1, volume 5)
Page : Image 214
Révision de 2 févr. 2015 21:54:03, edited by Anonymes
422
SUR LES LAMES
Le caractère distinctif ou essentiel des meilleurs Damas, outre leur élasticité à laquelle les Orientaux attachent un très - grand prix, est d'être couverts de veines noires et blanches trèsfines, et d'une espèce de sablé noir et blanc qui disparaît au poli, mais qui reparaît aussitôt, en passant une légère couche d'acide nitrique sur la surface. Ces seines et ce sablé noir et blanc prouvent que l'étoffe des Damas est composée de lames très-minces de fer et d'acier, de divers
- degrés d'acération, soudées les unes sur les autres (1), et que c'est à ce mélange que sont dues
la finesse et la qualité du taillant , l'acier, suiqui ont si long. temps fourni tout l'Orient. On parle de celles de la Perse, et elles ne sont pas plus connues que celles de Damas. Le fait est que nous n'avons aucune donnée sur leurs procédés, et que nous sommes parvenus àimiter parfaitement leur t'ab/ ication sans en connaître les vrais moyens. Il serait cependant bien important de savoir quelle est la nature du minerai de fer employé, comment on le traite, et quels sont les secrets , ou plutôt quelle est la pratique de la fabrication des lames damassées orientales, puis-
que , malgré nos découvertes récentes, ces lames ont encore
trie certaine supériorité ( peut-ètre ne se trouve-t-elle que dans les lames des anciennes fabriques ) sur celles de nos meilleures manufactures. Que penser, en effet, des procédés des Orientaux, quand on songe au sabre admirable d'Ali précieusement conservé dans Le trésor d'Hispahan , dont on , ne le sort qu'une fois l'année, le dixième de la lune du mois de Môharâm , pour la grande procession de la représentation du massacre d'Ali et de ses enfans , victimes des fureurs d'Omar? Suivant les historiens, ce sabre est une lame d'acier de trente pieds de longueur sur un,,demi-pied de largeur, et qui n'a d'épaisseur qu'autant cp,r7il en, faut pour soutenir cette longueur. L'homme le plus fort a bien de la peine à le porter. (I) Hassentratz. Sidérotechnie teine IV, page 23c)
DAMASdES.
423
vaut ses divers degrés, s'usant plus ou moins profondément sur la meule, et le tranchant formant alors une dentelure imperceptible, plus favorable pour couper les corps mous.
Perret, coutelier de Paris, dont l'excellent ,mémoire sur l'acier fut couronné en 1779, par la Société des arts de Genève (1), paraît être le premier qui ait pénétré le secret des Orientaux, ou qui soit parvenu à imiter leurs lames de Damas. Vandermonde , dans son Traité des armes blanches, publié en 1794 en décrivant les procédés usités à KlingenthaL a parlé de la fabrication des lames figurées. Mais celui qui a le mieux traité cette importante question, et qui a véritablement fait connaître, sinon le vrai procédé des Orientaux, du moins le moyen de fabriquer des lames absolument identiques pour la qualité, pour la dureté , pour la trempe et pour toutes les autres propriétés propriétés, comme pour les caractères extérieurs, est , l'un de nos plus célèbres métallurgistes, duquel disait Fourcroy : La ..France devait une statue sur la place publique, pour sa seule découverte des moyens de faire en grand l'acier fondu (2). Depuis plusieurs années , différentes manu-. factures ;en suivant les principes de Clouet , se sont livrées, avec phis ou moins de succès, à la fabrication des lames damassées ; mais MM. Coulaux frères, de Klingenthal (3), qui Perret. Mémoire sur l'acier, page 95. Journal des mines , tome XV, page 421. Il y a déjà plusieurs années que MM. Coulaux frères fabriquent des Damas depremière qualité, qui ne le cèdent