Annales des Mines (1830, série 2, volume 8)
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DESCRIPTION PHYSIQUE
des éruptions en forme de filon ; cependant on reconnaît encore les cratères à Lancerote près du rivage escarpé presque vertical du détroit de Rio, en face de l'île Graziosa; à Fuertaventura , dans le bassin conique au milieu duquel est située la capitale de Santa-Maria de Bethencuria. D'après ces considérations, on doit regarder le
groupe des Canaries comme une réunion d'îles qui ont été soulevées les unes après les autres du fond de la mer. Il faut que la puissance capable de produire un effet aussi grand se concentre, s'accroisse dans l'intérieur avant de pouvoir vain-
cre la résistance de la masse qui la comprime; elle détache au fond de la mer, et peut-être à une plus grande profondeur dans l'intérieur du globe, des couches déjà formées de basaltes et de conglomérats; elle les arrache du milieu des autres couches, les pousse avec violence au dessus de la surface et finit par s'échapper au travers d'un
cratère de soulèvement. Mais une masse aussi énorme retombe bientôt après avoir été soulevée et referme l'ouverture produite par le développement de la force, sans qu'il en résulte un volcan. Le Pic, au contraire, s'élève comme un grand dôme de trachyte au milieu d'un pareil cratère de soulèvement ; une communication de l'intérieur avec l'atmosphère y est maintenue, des
vapeurs s'en échappent sans cesse , et si elles trouvent Lin obstacle à leur sortie, -elles peuvent le réduire en lave et le faire écouler soit au pied du volcan, soit à peu de distance de là, sans qu'il soit nécessaire, pour le vaincre, de soulever des îles entières. Le point central de ces phénomènes est toujours le volcan ; il est obstrué parfois à
une certaine hauteur par le refroidissement ou
DES ÎLES CANARIES. i5 la chute des masses fondues ; il ne l'est jamais dans la profondeur. Il n'existe ainsi qu'un seul
volcan sur les îles Canaries, c'est le Pic de Teyde, un volcan central. Tous les volcans de la surface du globe peuvent être rapportés à deux classes essentiellement distinctes, les volcans centraux (central-vulcane) et les volcans en série (reihen-vulcane ).
Les premiers sont toujours les centres d'un grand nombre d'éruptions qui ont agi à peu près
de la même manière et tout autour d'eux. Les autres, les volcans en série, sont placés les uns derrière les autres , quelquefois peu distans et semblables à des foyers ( essen ) sur une même fente, ce qu'ils paraissent être en effet. On voit parfois jusqu'à vingt, trente, même un plus grand nombre de volcans ainsi disposés occuper
une grande étendue sur la surface du globe.
Ceux-ci se subdivisent en deux espèces, eu égard à leur position ; ou bien ils s'élèvent en îles coniques du fond de la mer, et, dans ce cas, il y a
presque toujours à ,côté de la ligne une chaîne de montagnes primitives dont ils paraissent dési-
gner le pied et qui suit absolument le même cours ; ou bien ces volcans occupent le faîte de la chaîne de montagnes et en forment les sommités.
Ces deux espèces de volcans ne diffèrent ni par leur composition ni par leurs produits : ce
sont presque toujours, et à bien peu d'exceptions près, des montagnes de trachyte , et leurs produits solides peuvent être ramenés à des roches de ce genre. On conçoit, jusqu'à un certain point, cette position des volcans, en considérant les chaînes de