Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1832, série 3, volume 3)

NOI10E 7°4 climat chaud rétablirait la santé de sa fille, et des

intérêts privés avaient décidé son père, ancien colonel de la garde du vice-roi d'Italie, à se séparer de ses deux fils pour se réunir à la famille de son épouse qui résidait à Bellune. Notre camarade chercha des distractions à ses chagrins, et un remède à la maladie dont il souffrait encore, dans les occupations actives de l'industrie. Il dirigea une verrerie et ensuite des mines de houille. On commençait alors à substi-

tuer au carbonate de soude, dans la fabrication du verre, un mélange de sulfate de soude et de charbon ; mais il arrivait très-souvent que l'addition d'une quantité de charbon trop considérable donnait lieu à la production d'un sulfure de soude

qui noircissait le verre. Sabin fit des essais qui réussirent complétement sur les meilleures proportions de charbon et de sulfate, et fixa ainsi un point important de la fabrication. Les personnes qui ont été alors en rapport avec lui savent quel désintéressement et quelle délicatesse il apporta dans ses relations avec elles. Le rédacteur de cette notice ne peut se rappeler qu'avec un coeur navré les rêves de bonheur que Jabin lui confiait alors, et qui devaient être si promptement et si horriblement déçus. Enfin, sa santé s'étant tout-à-fait rétablie, il songea à se marier. Huit jours après le mariage ,101-°. Jabin fut prise dans l'après-midi par de violentes coliques et des vomissemens. Tous les soins des médecins appelés furent impuissans. La crise avait commencé vers cinq heures du soir;

à trois heures du matin cette jeune femme avait cessé de vivre , laissant sa pauvre mère et son mari dans un désespoir impossible à décrire. Un mois d'accablement complet suivit cette

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à'ffreuse catastrophe. Ensuite Jabin , comme pour s'étourdir, se livra avec une sorte de frénésie à ses travaux de professeur à l'école, et à ses occupations industrielles. Un autre coup vint encore le frapper avant l'expiration de cette année si funeste pour lui.

« Je suis plongé, m'écrivait- il le 26 novembre 1832, dans un nouveau chagrin ; la mort d'une

soeur chérie a mis le comble aux malheurs qui ont tout-à-fait décoloré mon existence. Je travaille à force pour ne pas me livrer à l'accablement.» La mort qu'il semblait chercher n'a été que trop

prompte à venir. Jabin dirigeait depuis quelque ' temps la mine de Bérard située près de la ville de Saint-Étienne, et avait fait établir, pour l'extraction de la houille, une machine à vapeur à ,

haute pression, qui avait fonctionné autrefois sur les bateaux remorqueurs du Rhône. La pose en

était terminée. Il vint sur le puits le dimanche soir 3i mars pour l'essayer. Sa belle-mère, qui l'avait accompagné, venait de le quitter. Il fit met-

tre en activité la machine qui élevait une tonne du fond du puits. Quand la tonne fut arrivée au-

dessus du niveau du sol, soit que le mécanisme fît une fausse manoeuvre, soit qu'il ne tirât pas avec assez de force les manches qui devaient changer la position des tiroirs qui règlent l'entrée de la vapeur, la machine ne fut point arrêtée et continua de tourner dans le même sens. Jabin, voyant la tonne près d'arriver à la poulie, courut fermer le robinet d'admission de la vapeur, puis se précipita sur le frein du volant de la machine. Malgré cela , le mouvement continua ; la tonne arrivée à la poulie, la chaîne d'attache se rompit, et le bout demeuré attaché au câble vint frapper sur le crâne de notre malheureux camarade. Il tomba sur le coup. TwneTiI, r 833. 45