Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1834, série 3, volume 5)

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ITINÉRAIRE

quivir lui sert de limite vers le sud : le dépôt de ces terrains tertiaires a probablement enfoui des richesses minérales qui seront un jour bien précieuses pour la contrée. En traversant le Guadalquivir, près du village de Tocina , on se rend à Séville en longeant la rive gauche du fleuve, au travers d'une plaine semblable à celle du Guadiana , et couverte comme celle-ci , d'une riche culture. Les substances métalliques, si fréquentes dans toute l'Estramadure , et surtout dans les roches anciennes qui avoisinent le Guadiana, n'existent

généralement dans cette contrée qu'en petites masses isolées. Il n'en est pas de même dans la partie de la Sierra-Morena qui vient d'être décrite. Les dépôts métallifères y sont beaucoup

plus puissans : l'industrie minérale peuplera bientôt ces solitudes, qui n'attendent que le travail de l'homme pour devenir un des pays les plus florissans de l'Espagne.

Malgré sa position centrale, cette partie de la Sierra est située avantageusement pour l'expor-

tation des métaux : les navires qui viennent prendre près de Séville les laines de l'Estramadure ont besoin, pour la sécurité de leur navigation , de se lester de marchandises lourdes qu'ils vont chercher aujourd'hui avec grande

perte de temps sur les rades dangereuses d'Adra et -d'Alméria. Ils transporteraient sans doute à peu de frais les métaux qu'ils seraient assurés de rencontrer à Séville. Ce besoin de marchandises pesantes a souvent engagé les caboteurs anglais à emporter comme lest des minerais de fer tirés du centre de la Sierra. Dans ces dernières années, denx compagnies de

2J5 Séville ont commencé à tirer parti des richesses minérales de cette contrée : l'une exploite le bassin. houiller de Villa-Nueva-del-Rio; l'autre vient d'éD'UN VOYAGE EN ESPAGNE

lever les usines à fer du Pédroso , où l'on traite le fer oxidé rouge disséminé en puissans amas dans toute l'étendue dela chaîne qui sépare ce lage du Rio-Guezna. Les forges sont situées sur ce dernier ruisseau : elles ne sont encore alimentées que par les combustibles que produit naturellement la Sierra ; mais toutes les montagnes environnantes sont maintenant recouvertes de plantations nouvelles : lorsque celles-ci seront en plein rapport, tous les élémens de la production du fer à bon marché seront réunis dans ces usines : je ne doute pas qu'elles ne trouvent alors à placer avantageusement leurs produits sur plusieurs marchés étrangers. Déjà même elles importent en France une quantité notable de fer en barres. Séville et surtout Cadiz présentent l'Espagne sous une face toute nouvelle à ceux qui ne connaissent encore que les villes de la Manche et des

Castilles. Séville, capitale naturelle de toute la Péninsule, justifie, à tous égards', le proverbe attaché à son nom. Le Guadalquivir établit entre elle et la mer des communications faciles ; quelques améliorations dans la navigation de ce fleuve, réalisées en partie pendant le séjour des Français en Espagne, prolongeraient aisément jusqu'à Cordoue cette ligne de communication. Le climat est admirable , le dattier et surtout l'oranger y prospèrent. Les végétaux des climats les plus chauds et entre autres le bananier, croissent avec vigueur et presque sans culture dans un jardin botanique, où un gouvernement ami des sciences pourrait acclimater toutes les produc-

Forges du Pédroso.

Séville.