Annales des Mines (1834, série 3, volume 6)
Page : Image 157
Révision de 12 févr. 2015 23:14:29, edited by Anonymes
310OBSERVATIONS
l'Estramadure centrale. Ce trait saillant de la
contrée n'a point échappé à M. Bory de Saint-Vincent, qui a si bien décrit les caractères généraux
de la topographie de la Péninsule. « La province de Badajoz, dit-il, offre, le long des rives méridionales du Guadiana, une particularité qu'il ne faut pas omettre de mentionner, et dont on trouve quelques autres exemples le long du Tage et des côtes de la mer autour de la Péninsule : ce sont des noyaux de montagnes isolées qui ne se lient à aucun système ; ils semblent de gigantesques quartiers de roches qui, ayant roulé de quelque cime éloignée, se seraient arrêtés de l'autre côté des longues plaines qu'ils auraient traversées. » Cette description fait surtout ressortir l'isolement des divers massifs : cette circonstance est en effet frappante pour l'observateur placé sur la Sierra de San - Servan , d'où cette description paraît avoir été écrite; c'est qu'alors on aperçoit la plupart des chaînes, généralement dirigées entre l'ouest-nord-ouest et le nord-ouest, dans le sens de leur plus petite dimension. La comparaison que- renferme le passage cité n'est, au reste, qu'une image propre à mettre en évidence l'indépendance apparente qui existe entre ces chaînes et le plateau qui les supporte. La science explique aujourd'hui fort aisément leur origine, et si_ le fondateur de la géologie moderne avait puisé,
dans des observations en Estramadure , les bases de son système, il n'aurait jamais eu l'idée d'attribuer la formation des montagnes à une autre cause qu'au déchirement de l'écorce du globe. Lorsque j'aurai décrit la constitution géologique de ces chaînes, (page 343) je développerai., sur les
SUR L'ESTRAMADURE.
31 1
causes qui leur ont donné des apparences si singulières , plusieurs considérations qui sont probablement applicables à d'autres contrées.
Je compléterai cet aperçu des caractères gé-
néraux des montagnes de l'Estramadure par quelques détails spéciaux, sur les principales chaînes : je les décrirai à peu près dans l'ordre de leur importance relative.
La Sierra-Morena occupe incontestablement lesierra-Morena.
premier rang par la hauteur absolue des points culminans , et surtout par son étendue; mais cette suprématie est loin de se soutenir, au moins sous le premier point de vue, quand on la compare à
l'ensemble des chaînes qui. sillonnent la Péninsule. Autant qu'il est possible d'en juger par la durée des ascensions et par l'opinion répandue dans le pays, les points culminans de la chaîne ne s'élevent pas à plus de i ,600 mètres au-dessus de la mer, et les plateaux les plus élevés se tiennent au niveau de i,000 à 1,200 mètres, Rien de plus compliqué que la topographie du pays de montagnes, auquel les hahitans des plateaux de l'Estramadure et de la plaine d'Andalousie donnent le nom de Sierra-Morena. Au sud, la limite de la Sierra se trouve exactement dessinée par le cours du Guadalquivir qui, de Cordoue à Séville, se dirige généralement vers l'ouest-sudouest. Au nord ;la limite est moins distincte; elle se reconnaît cependant à une suite d'ondulations
Relief compliqué.
assez prononcées qui s'élèvent au - dessus du plateau de l'Estramadure. Elle passe à 3 myriamètres environ au nord. de Cordoue, se dirige en-
suite vers l'ouest,, et va passer entre Llerena et Ligne de faîte. Guadalcanal. Il n'existe clans la Sierra rien de semblable à une ligne de faite : on peut dire sen'