Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1835, série 3, volume 8)

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CAUSE PROBABLE DU TRANSPORT

transporté ces blocs dans les localités où on les trouve maintenant; les autres prétendent, et c'est aujourd'hui l'opinion la plus généralement accréditée, que le soulèvement incontestable des montagnes s'est opéré d'une manière si subite et si brusque, que les eaux de la mer se sont retirées et écoulées des pentes des montagnes avec tant de force , qu'elles ont pu enlever et entraîner à de grandes distances les blocs qui se trouvaient sur leur passage. M. Venetz , en étudiant les glaciers, a été com duit à s'occuper des blocs erratiques- transportés par la vallée du Rhône, et l'examen qu'ila fait de ces blocs, et des diverses circonstances qui les accompagnent, l'a convaincu que leur transport n'a pas pu s'effectuer par le moyen de l'eau, quelque énormes qu'on suppose son volume et sa vitesse,

et quelque puissante que soit son action.. Je vais indiquer, aussi brièvement que possible, quelques-uns des faits qui paraissent être en opposition avec l'hypothèse du transport des blocs erratiques par le moyen de l'eau. Je n'entrerai donc pas dans des détails, laissant à M.Venetz le soin de les décrire et d'indiquer les localités où on les observe. Les dépôts des blocs erratiques présentent con-

stamment un mélange informe de fragmens de toutes les dimensions, depuis celle d'un grain de sable jusqu'à celle de plusieurs milliers de pieds cubes. On trouve sur le Jura des blocs aussi volumineux que dans les vallées des Alpes. Il n'existe donc point de triage selon les volumes etles poids relatifi des blocs, ce qui nécessairement aurait dû a Voir lieu: s'ils avaient été entraînés et amenés par plus gros blocs:devraient l'eau; car, dans ce cas,

DES BLOCS ERRATIQUES DE LA SUISSE.

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se trouver les plus voisins du lieu d'où la débâcle et le courant les auraient enlevés, et ces fragmens devraient diminuer de volume à mesure qu'ils en sont plus éloignés, de manière que les blocs qu'on

trouve sur les pentes du Jura devraient être en générai sensiblement plus petits que ceux qu'on rencontre au pied et dans les vallées des Alpes. Mais, nous le répétons, un pareil arrangement ne s'observe nulle part.

Toute eau qui charrie des matériaux opère encore, au moment où elle commence à déposer, une autre sorte de triage, qui a lieu par couches ou par lits, c'est-à-dire qu'elle forme des couches de matériaux de divers volumes, -des lits alternatifs de blocs, de gravier , de sable et de limon. Mais cette stratification n'existe pas dans les dépôts des blocs erratiques. On trouve, il est vrai, quelquefois des lits de gravier, de sable et de terre glaise clans leur-voisinage; mais ils sont trop rares. et présentent trop peu d'étendue pour servir d'ar-

gument en faveur d'un transport opéré par le moyen de l'eau ; nous indiquerons plus loin rorigine de ces petits dépôts stratifiés. Quoique la plupart des blocs erratiques présentent une forme arrondie évidemment par frottement, on en trouve néanmoins qui sont non-seulement aplatis, mais qui sont restés presque in-

tacts, ayant à peine leurs angles et leurs arêtes écornées ou émoussées. Si leur déplacement avait eu lieu par un courant ,on ne saurait pas concevoir

comment ils auraient pu être roulés jusques au pied du Jura et poussés sur son faîte, sans porter des marques violentes de frottement. Les dépôts de ces roches transportées présentent

ordinairement une forme alongée, semblable à