Annales des Mines (1835, série 3, volume 8)
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CAUSE PROBABLE DU rnANsPonr
DES BLOCS ERRATIQUES DE LA SUISSE.
celle d'une digue ou d'un rempart, ou bien ils
verticalement sur la place même où ils se trouvent encore, et qu'ils se sont fendus ou brisés par leur
forment quelquefois des monticules coniques, isolés ou disposés en file. Ils ne se rencontrent jamais en forme de nappe ou de plateau. Ces digues sont
placées horizontalement au pied et sur la pente des montagnes, ordinairement les unes derrière les autres, et espacées à des distances inégales: elles sont parallèles entre elles et à la direction de la vallée. Quelquefois deux ou plusieurs de ces digues se trouvent tellement rapprochées les unes
des autres, qu'elles se confondent en une seule, terminée par une ou plusieurs arêtes. La plus grande élévation à laquelle on les trouve sur la pente des montagnes qui bordent la vallée du Rhône, est d'environ r.ioo à 1.200 pieds au-dessus de ce fleuve, dans les environs de Bex , et de 2.400 pieds dans ceux de Sion. Le sol sur lequel ils reposent n'est jamais formé d'atterrissemens ou. d'éboulemens , mais c'est toujours du roc en. place. La disposition et la configuration extérieure de ces dépôts sont inexplicables par la théorie d'un
transport par le moyen d'un courant d'eau ; car l'eau les aurait déposés en forme de nappes, surtout dans les plaines des vallées et dans celles qui se trouvent au pied des Alpes; cette théorie n'explique pas non plus comment ces blocs auraient pu franchir, sans les combler, les lacs qui se trouvent à l'extrémité inférieure de la plupart de nos
grandes vallées, ni la singulière position de ces énormes blocs qu'on- trouve isolés dans la plaine ou sur la pente des Montagnes, plantés verticalenient sur le sol, et quelquefois brisés ou fendus du bas en haut dans toute leur longeur, ce qui semble indiquer qu'ils sont tombés à peu près
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chute.
On remarque en outre que les blocs sortis d'une vallée latérale ne se mêlent point ou très imparfaitement avec ceux de la grande vallée, ou avec ceux qui sont sortis d'une vallée opposée. Ainsi les pierres feldspathiques ou talqueuses de la vallée d'Hérens, formant des dépôts considérables près de Sion, ne se mêlent point avec les blocs calcaires qui proviennent des vallées de la Sionne
et de la Lierne, qui toutes les deux prennent naissance auprès de Rawyl, et se terminent à la grande vallée du à peu près vis-à-vis de la vallée d'Hérens. Rhône' Les digues ou remparts qu'imitent les dépôts de blocs de chacune de ces vallées sont parfaitement séparés et distincts. Feu M. Escher de la Linth avait déjà remarqué ce même fait par rapport aux grandes vallées de la Suisse, c'est-à-dire que les blocs erratiques de la
vallée du Rhône ne se mêlaient point avec ceux qui étaient sortis de la vallée de que ces derniers restaient séparés et distincts l'Aar' des dépôts de blocs venus de la vallée de la Reuss, etc. En admettant un courant d'eau ou une débâcle qui ait eu lieu instantanément et à la fois dans ces diverses vallées , on ne comprend pas pourquoi et comment
les pierres entraînées ne se mêlaient pas dans les endroits où ces courans venaient se toucher et se
joindre, et surtout là où ils frappaient contre le Jura, ce qui aurait dû produire une sorte de remou ou de refoulement, qui loin d'empêcher le mélange des matériaux que ces courans amenaient avec eux, l'aurait au contraire singulièrement favorisé.