Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1835, série 3, volume 8)

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DES RLOCS ERRATIQUES DE LA SUISSE.

CAUSE PROBABLE DU TRANSPORT

forme de digues clans les endroits qui jadis ont correspondu aux bords de ces vastes glaciers. C'est ainsi qu'on trouve des dépôts de blocs erratiques sur les pentes, souvent très rapides, des

montagnes qui bordent la vallée du Rhône ;

tandis qu'ils devraient être beaucoup plus fréquens dans les plaines du Valais et dans celles qui sont au pied des Alpes, s'ils avaient été amenés par l'eau, qui, quelque énorme qu'on suppose son volume,

n'aurait pas manqué de couvrir de blocs et de

gravier toutes ces plaines. Ces faits nous indiquent encore l'origine des blocs isolés, quelquefois fendus. ou brisés dans toute leu r longueur, dont nous avons.

fait mention plus haut, et qui en effet ne sont autre chose que des blocs tombés par des crevasses au fond du glacier.

Depuis les travaux de M. de Saussure, tout le monde sait que deux glaciers , lorsqu'ils viennent

à s'atteindre et à se joindre sous un angle aigu, ne mêlent et ne confondent point leurs moraines. Ce fait explique parfaitement pourquoi les blocs erratiques d'une de nos grandes vallées ne sont point mêlés avec ceux de la vallée voisine, phénomène duquel on ne saurait se rendre compte par la supposition que le transport de ces blocs eût.

été opéré par le moyen de l'eau.. On trouve quelquefois des dépôts de blocs erratiques entièrement composés de fragmens anguleux et de diverses grosseurs, tous formés d'une même roche (1). Cette singulière circonstance fait (i) Il existe près de, ma demeure aux Devens un dépôt de blocs erratiques de ce genre. iL est entièrement formé de blocs d'un calcaire compacte gris foncé; qui ne se trouve en. place que dans les rochers qui dominent Lavey et Saint-

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croire que ces blocs sont dus à quelque grand éboulement de rochers, dont une partie a atteint le dos du glacier, où ils ont été transportés sans se mêler avec d'autres blocs, jusqu'à l'endroit où le glacier les a déposés. On sait que les glaciers frottent, usent et polissent les rochers avec lesquels ils sont en contact. Cherchant à s'étendre, ils suivent toutes les sinuosités, et se pressent et se moulent en quelque sorte dans tous les creux et toutes les excavations qu'ils peuvent atteindre, et en polissent les surfaces, même celles qui surplombent, ce qu'un courant d'eau charriant des pierres ne pourrait effectuer.

Comme les glaciers prennent naissance sur le faite des Alpes, leur action destructive doit avoir duré beaucoup plus long-temps dans les régions supérieures que dans les basses vallées et à leur pied. Ii n'est donc pas étonnant de rencontrer dans les hautes vallées et sur les cols des Alpes des marques de frottement beaucoup plus considérables et

mieux prononcées que vers leur pied, ce qui devrait être précisément l'inverse si ce frottement

avait été opéré par un courant ou une débâcle.

Enfin l'observateur qui part du faite du Jura dans la direction même où les blocs erratiques

y sont arrivés, en suivant constamment leur trace, se trouve conduit jusqu'au fond des hautes vallées Maurice. Ce dépôt a environ 1.000 pieds de longueur sur 3oo pieds de largeur; les blocs sont anguleux, ayant les arêtes bien conservées ; quelques-uns sont d'une grosseur remarquable ; l'un d'eux, connu dans le pays sous le nom de PrinuiAz-BEssA , présente un volume de plus de 8 toises cubes.