Annales des Mines (1836, série 3, volume 9)
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RECHERCHES
l'Etna, sont. à la vérité les éléments d'un cône, mais d'un cône extrêmement surbaissé, dont la pente, ainsi que je l'ai dit plus haut, ne dépasse pas
8°; et la dernière limite à laquelle on peut concevoir que la répétition indéfinie des éruptions actuelles tend à faire parvenir la forme de l'Etna, serait un cône infiniment moins élancé que celui dont le noyau de la gibbosité centrale parait être un débris.
La hauteur de l'Etna au-dessus de la mer qui baigne sa base est presque égale à celle des grands
volcans de la Nouvelle-Grenade et à celle du Chimborazo lui-même, au-dessus du plateau de Quito qui leur sert de piédestal. Si, à l'exemple de ces volcans des hautes régions, l'Etna n'avait jamais vomi de coulées de lave, peut-être pourraitil rivaliser sous le rapport de la hardiesse des formes avec les colosses des Andes; peut-être même
le morcellement en forme de fer à cheval da massif de laves anciennes, qui forme le noyau de la gibbosité centrale, lui donnerait-il sous certains aspects quelque chose de plus élégant ; mais les produits de ses éruptions, qui n'ont augmenté que très-faiblement et dans une partie seu'l ement de sori étendue, le noyau de. la gibbosité centrale, qui 'ne, l'ont surmonté que d'un cône d'éruption' mesquin et d'une existence passagère, ont enseveli la hase de ce même. noyau , sous toute la hauteur des talus latéraux .aUxquels leur accumulation a donné naissance ; ils !ont ainsi dérobé à la vue une partie de la saillie qu'il présentait vraisemblablement au commencement de la période actuelle ; ils ont imprimé au massif entier un caractère de platitude qui va sans cesse en croissant, et qui de siècle en siècle, lui donnera un aspect de plus en
613 plus prosaïque. Or, puisque la marche actuelle des phénomènes de déjection tend à effacer et à ensevelir la gibbosité centrale bien plutôt qu'à l'élever, il est évident qu'il faut chercher l'origine de cette Suit LE MONT ETNA.
gibbosité dans des phénomènes dont une partie aurait été d'un autre ordre que les phénomènes de déjection qui se continuent de nos jours. Cette gibbosité centrale ne doit évidemment son existence qu'au noyau préexistant qui en forme
la masse principale. Si ce noyau n'existait pas, l'Etna ne s'élèverait pas au-delà du point de concours des arêtes prolongées des talus latéraux, c'est-à-dire qu'il n'aurait pas au-delà de 1,600 à 2,000 mètres de hauteur. Mais si l'Etna doit l'existence de sa gibbosité centrale à un noyau préexis-
tant, comment pourrait-on concevoir que des éruptions comparables à celles.de l'Etna moderne, et qui n'auraient pas trouvé autre noyau antérieur, eussent produit une masse aussi convexe
que celle du noyau de la gibbosité centrale ? Si, comme quelques personnes l'ont pensé, il existait une similitude complète d'origine entre les matières dont se compose le noyau intérieur de la gibbosité centrale et les produits actuels des éruptions, on pourrait en inférer que les premiers ont dâ s'entasser à la manière des produits actuels;
et on ne verrait pas pourquoi ils auraient donné lieu à une convexité plus rapide que celle des talus latéraux.
Les philosophes et les géologues, qui depuis
les Grecs jusqu'à nous ont vu l'Etna recouvrir presque périodiquement ses flancs de nouvelles assises de cendres, de scories et de laves, ont admis à peu près sans examen, et comme un fait pour ainsi dire évident par lui-même, que la