Annales des Mines (1836, série 3, volume 10)
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ESSA/ PRATIQUE
grain avec celui d'un autre acier. « Assez généralement l'ordre du 'grain fin dans les aciers fins est double des autres ordres de grain du même acier; il est, par conséquent, bien plus étendu, plus long, que ne l'est ce même ordre de grain dans les aciers communs. » (Réaumur,
p. 270, 272.) Voici un autre genre d'essai, qui met aussi l'ouvrier bien à portée de prononcer sur la nature de son acier. Après avoir soudé une barre d'acier par le bout, on l'étire dans une longueur de 5 à 6 pouces, sur une largeur de 8 à io lignes; on lui conserve plus d'épaisseur d'un côté que de l'autre, dans la forme d'une lame de couteau; après avoir trempé cette partie d'acier, on la casse par le côté le plus mince, en formant sur toute la longueur
de la portion trempée des brèches, à coups de marteau sur les bords d'un étau entr'ouvert. On voit , par ce moyen, d'un coup d'il tous les ordres de grains que l'acier peut prendre à la trempe , selon les divers degrés de chaleur qu'il reçoit ; combe aussi. on voit s'il se soude facilement et la dureté qu'il acquiert par la trempe. Bien que par la trempe dans ce genre d'essai les grains varient comme dans les deux cas ci-dessus
à raison du degré de chaleur , ils ne sont pas aussi sensibles; l'acier étant plus mince, on les
voit plus difficilement donc. préférable.
l'autre genre d'essai est
Il est bien certain que l'acier prend une grainure différente à raison du plus ou moins fort degré de chaleur auquel on le soumet, et que le grain de l'acier dans une seule cassure est souvent un signe équivoque et trompeur : de bon acier peut donc être trouvé mauvais par celui qui n'a
SUR L'EMPLOI ILlE L'ACIER.
79 point l'habitude de l'employer. Mais si l'on suit un des moyens d'essai que nous avons décrits ci-dessus,
et qu'on donne à l'acier, dans le travail, Un degré de feu propre à lui faire prendre l'ordre du grain fin, on parviendra toujours à rectifier l'erreur
qu'on aurait pu commettre. L'acier non trempé présente souvent dans sa cassure des fibres, des veines de fer, des lames longitudinales, des grains plus gros clans une partie de sa cassure que dans l'autre ; ce signe indique un acier ferreux qui ne peut guère convenir aux tranchants. Ces lames, ces fibres, sont souvent plus apparentes dans l'acier non trempé que dans l'acier trempé; parce que, dans ce dernier, elles se mêlent avec le grain de l'acier Etant ellesmêmes plus ou moins acier, elles prennent plus ou moins de grain, comme aussi elles prennent plus ou moins de dureté : alors l'ouvrier peut difficilement s'y reconnaître. Pour rendre ces lames plus apparentes dans l'acier non trempé, on donne un coup
de tranche ou un coup de ciseau sur un des côtés du barreau ; plaçant ensuite l'acier à faux sur l'enclume, on applique un fort coup de marteau sur le côté opposé à la coupe qu'on y a pratiquée, et l'on obtient tout le grain que cet acier peut présenter. Si, au contraire, on veut rompre le bar-
reau d'acier sur le plat, il arrive souvent qu'il ploie, on le redresse, on le reploie en sens contraire, ce qui se répète souvent deux à trois fois; l'acier né présente plus alors dans sa cassure qu'un tissu de lames, de fibres contiguës, qui mettent peu à portée de prononcer sur sa nature : ce qui n'arrive pas dans l'autre cas, lorsqu'on le casse sur champ ou sur le côté.
L'acier, qui a été cassé de cette manière, pré.