Annales des Mines (1836, série 3, volume 10)
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ESSAI PRATIQUE
SUR L'EMPLOI DE L'AcIËR.
chauffe un bout d'acier, et on le forge carré sur une longueur de 3 à 4 pouces seulement; on le trempe à un degré de chaleur moyen entre les couleurs cerise et rose; on le blanchit sur une de ses faces, puis on l'expose sur un feu doux pour lui faire prendre le violet ou le gros bleu; on le polit sur deux faces, largeur et épaisseur : sur sa largeur on voit les nuances, les, ombres,
abreuvées par le fluide qui nage autour de'cliacune
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les filandres que cet acier présente; sur Son épaisseuron voit les couches dont il est composé. Pour qu'un acier convienne à toute espèce d'ouvrages,
il ne doit pas présenter ou il doit présenter peu les nuances dont on vient de parler. Si on y en rencontre, ce sera presque toujours le résultat d'une portion de fer plus ou moins mélangée dans le corps de l'acier. On rendra ces nuances, ces filandres plus sensibles, en passant sur l'acier un peu d'acide nitrique affaibli ; les parties d'acier, par l'action de l'acide, se charbonnent et forment un résidu noir, tandis que le fer n'offre qu'une teinte jaunâtre et qui résiste un peu plus à l'acide. Les nuances, dont nous venons de parler, sont accidentelles, comme on vient de le remarquer, et varient selon la forme de l'objet et selon le degré de chaleur auquel l'acier a été élevé pour subir la trempe; il se fait clone dans le corps de l'acier un travail continuel pour l'arrangement
de ses parties, ce qui donne 'naissance à ces
.nuances et produit cette variété dans les grains de
l'acier par l'effet de la trempe. Ln acier chauffé et trempé à une chaleur moindre qu'il ne lui convient, ne présente pas l'ordre du grain qu'il prend à une chaleur un peu plus élevée; les molécules n'ont pasété assez dilatées; elles n'ont pas été
d'elles dans le chauffage; il ne s'est pas fait cet arrangement de parties qui est la suite d'un feu doux et modéré; le grain est plus gros qu'avant la
trempe. Trempé un peu plus chaud, l'acier présente des grains par trainées, et ne durcit pas. Les principes et les faits exposés précédemment indiquent que la trempe,à côté de ses avantages, communique à l'acier divers défauts : tels sont la voilure, la courbure, la torsion, les cassures, suite 'inévitable du retrait qu'il éprouve. Si donc on le chauffe -et si on le trempe plusieurs fois, il est probable, il est certain même que ces défauts se manifesteront plus ou moins à chaque
trempe; mais chaque trempe subséquente détruira la qualité que l'acier avait acquise par celle qui l'avait précédée : les trempes répétées sont donc inutiles et même préjudiciables par les défauts qu'elles produisent successivement; l'éloge que l'on en fait est dorienne erreur.
Ce n'est qu'après m'être bien pénétré, par le grand nombre d'essais que j'avais faits, de cette vérité, que l'acier s'altère par un trop haut degré de chaleur, que je tentai l'observation suivante Des lames de rasoirs de cinq pouces de long sur trois de tranchant, vues au microscope solaire, parurent de quinze pouces de long. Les inégalités formées sur le tranchant par les pores de l'acier étaient devenues beaucoup plus sensibles dans les rasoirs faits d'acier commun que dans ceux faits d'acier fin ; chaque dent était ellemême dentelée, et ces dentelures semblaient être autant de crêtes de coq qui se touchaient. Le tran-
chant des rasoirs faits d'acier fin et bien en état de raser, sans-tmetines dentelures sensibles à rios